Evasion Prison centrale de Douala
Dix sept prisonniers ont été abattus hier dans une tentative d’évasion massive. Plusieurs dégâts collatéraux.
Le Secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Justice chargé de l’administration pénitentiaire a fait une descente à la prison de New-Bell hier (lundi 30 juin) après-midi. Emmanuel Ngafesson était à la prison de New-Bell pour s’enquérir de la situation, vingt quatre heures après la tentative d’évasion qui s’est soldée par dix sept fugitifs abattus. Après le tour du propriétaire, et une visite à la spéciale 18 où sont placées les victimes de l’opération épervier, le Secrétaire d’Etat auprès du ministre de la justice chargé de l’administration pénitentiaire s’est fait présenter un rapport de la tentative d’évasion massive dans laquelle était impliquée une vingtaine de détenus. Il en a profité pour féliciter les troupes de l’administrateur principal des prisons Tsala Amougou Joseph, régisseur du pénitencier de Douala qui ont fait preuve de bravoure en réagissant promptement et avec l’agilité nécessaire pour stopper au plus vite cette cavale, tout en maîtrisant les milliers d’autres détenus et visiteurs dans une cour bondée et bruyante.
Ce qui a permis d’éviter tout débordement et de ramener rapidement le calme. Par ailleurs, le patron de l’administration pénitentiaire a pris connaissance de l’état de promiscuité au sein du milieu carcéral de la prison de New-Bell. Construite en 1938 et prévue pour accueillir 600 prisonniers, il contient en ce moment plus de 3800 détenus. Des détenus qui vivent dans une insalubrité ambiante avec les égouts bouchés. Plus encore, la situation géographique de cette prison située en pleine agglomération en est le principal handicap. On espère qu’il portera auprès de sa hiérarchie tous les handicaps que représente ce pénitencier sur le plan sécuritaire. D’autant plus que toutes les autorités de la ville sont unanimes que tant qu’une nouvelle prison ne sera pas construite en périphérie de la ville, elle reste et demeure une menace permanente.
Selon de sources proches des responsables de la prison de New-Bell, c’est depuis le 8 juin 2008 que couve cette menace d’évasion, chaque fois étouffée par le régisseur de cette prison. L’origine serait un mécontentement né de la dernière remise de la grâce présidentielle du 20 mai que plusieurs détenus ne bénéficient pas. Surtout pour ce qui est des récidivistes et bandits de grand chemin. En témoigne, la liste (ci-jointe) des fugitifs abattus dont quinze des dix sept sont des condamnés ou des prévenus issus du tribunal militaire.
Polémique sur la fusillade d’un « évadé »
Dans la nuit de dimanche à lundi dernier, le quartier de la gare dont les maisons jouxtent la clôture de la prison centrale de Douala a subi une rafle en règle d’une patrouille mixte des forces armées. L’opération consistait à rattraper quelques fugitifs. Au final deux jeunes ont été attrapés et abattus de sang froid comme témoignent les habitants. « C’est alors que les éléments de la patrouille mixte les avaient maîtrisé au sol qu’ils ont tiré sur eux », affirme Jules. Toutefois, les populations dudit quartier entretiennent la polémique sur le cas du jeune Bouyam Réné Mireille, 21 ans et commerçant au marché central de Douala. Ce dernier a l’abdomen ouvert et les intestins hors de leur cavité. Après une évacuation aux urgences de l’hôpital Laquintinie, il est admis en réanimation dans un état qui n’augure aucun espoir de vie. «Ce n’était pas un évadé, je suis prêt à le témoigner haut et fort. C’était mon locataire et je me suis évertué à le dire aux éléments de cette patrouille mixte en vain. En revanche, ils ont plutôt menacé d’ouvrir le feu sur moi. N’eût été l’épouse du chef de quartier on m’aurait aussi compté comme un évadé abattu », clame Serge Didier Kakamou, bailleur de cette victime.
D’ailleurs poursuit-il, c’est le détenu Manga, qui est aussi l’électricien de la prison qui nous a aidé à le transporter et a alerté les éléments de cette patrouille sur le fait qu’il avait tiré sur un innocent. La confusion serait partie du fait qu’aux environs de 3heures du matin, au cours de la battue organisée dans le quartier de la gare, la patrouille mixte a déniché un évadé dans la chambre du jeune Bouyam. «Il dit avoir été menacé par une personne qui a cogné sa porte dans la nuit et l’a contraint de l’héberger ce qu’il a fait. Et dès que la patrouille a cogné à sa porte, il a aussitôt dénoncé cette présence », soutient Serge Didier. Mais selon Bachirou Mohamadou le sous-préfet de l’arrondissement de Douala IIème, territorialement compétent, deux évadés se sentant traqué sont sortis de leur cachette et ont pris en otage les habitants d’une maison à qui ils ont intime l’ordre de les cacher, ce sont les cris de ces derniers qui ont alerté la patrouille mixte qui les aurait ouvert le feu alors qu’ils tentaient de s’en fuir. Un mort sur le carreau et un autre a été grièvement blessé et serait dans un état critique. Ce qui pourrait porter le nombre de prisonniers abattus à dix-sept.
A l’hôpital Laquintinie, c’est aussi le désarroi pour Mme Kongo dont le fils adoptif y est interné. Le nommé Elomé Ebene Réné a pris une balle perdue dans la jambe droite pendant les échanges de coup de feu entre évadés et gardiens de prison. Le tir est parti d’un des prisonniers armés. Mme Kongo se plaint d’être abandonné à son sort.
Mathieu Nathanaël NJOG