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19 juin 2008 4 19 /06 /juin /2008 20:45

Bavure - Hôpital Laquintinie de Douala

Le dernier des blessés admis à l’hôpital la Laquintinie de Douala est décédé le 15 mars 2008. Plusieurs autres victimes en sont sorties avec des mutilations et certaines familles sont toujours sans nouvelle de leurs progénitures.

 

Dimanche 15 juin 2008, Jean Paulin Nouka, 25 ans a finalement succombé de ses blessures après trois mois et demi (soit 120 jours) d’hospitalisation à l’hôpital Laquintinie de Douala (Hld). Il vient ainsi allonger la liste des victimes (plus d’une centaine) de la répression militaires enregistrée lors des revendications populaires de fin février dernier. La famille éplorée soutenue par l’Acat (l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) et Le Comité International pour la Libération de tous les prisonniers politiques et le Comité de Soutien aux Victimes de la Répression Politique au Cameroun, organise ses obsèques pour demain samedi 21 juin à Mbanga. La levée du corps a lieu ce vendredi à l’hôpital Laquintinie. Mais la famille et les associations des droits de l’homme craignent que le gouvernement refuse de leur remettre la dépouille de ce jeune piroguier abattu en plein bain. Comme lui, Tiwa Jacques, Pelo Alex Raoul, Tingia Ndima Loveth, Tantoh Emmanuel, Momo Elvis, Kameni Lionel (11ans), et bien d’autres n’ont pas survécu à la violence des balles assassines dont ils ont été criblés par les forces armées et polices.

Au moment où la famille éplorée s’apprête à inhumer leur fils, Nouka Jean Paulin, le directeur de L’hôpital Laquintinie, Gérémie Sollé  affirme qu’il était le dernier des victimes de février internées encore dans cet établissement sanitaire de référence. Toutefois, des dizaines d’autres blessés graves de fin février sont aujourd’hui handicapés. D’autres traînent des gangrènes et des mutilations parce qu’ils ont dû quitter discrètement l’hôpital. Ils évitaient d’être (re)conduit à la prison centrale de Douala. Pourtant un dispositif de prise en charge gratuit des personnes démunies dénommé « bon vert » avait été mis en place. «Le ministre de la santé nous a demandé de geler cette forte ardoise et de  ne retenir aucun blessé pour frais non payé, ce que nous avons fait. Toutefois, il se trouve que certaines familles ont été contraintes d’acheter les médicaments que nous ne détenions pas dans notre pharmacie. D’autres parents heureux de cette prise en charge qui a sauvé la vie à leur enfants sont revenus payer leurs factures », affirme Gérémie Sollé.

 

Mobilisation internationale

Nouka Jean Paulin résidait au quartier Ndog-Passi III, un bidonville de Douala avec sa mère et sa petite soeur. Dans la matinée du 27 février après une partie de pêche, il décide de prendre son bain au bord du fleuve Dibamba, avant de rejoindre le domicile familial lorsqu’il est mitraillé de balles qui transpercent sa cavité abdominale de gauche à droite. Les intestins de Nouka Jean Paulin s’épanchent à l’extérieur et l’infortuné perd abondamment du sang. Des volontaires accourent aussitôt à son secours et le transportent à pied sur un brancard de fortune dans plusieurs centres de santé qui refusent de l'admettre, au vu de l’extrême gravité de son état. Nouka est conduit à l'hôpital Laquintinie, où il est admis d’urgence et placé sous soins intensifs. Car, depuis la 25 février Douala est plongées dans une ville morte à l’instar de plusieurs villes du Cameroun où rien ne circule.

Il va subir deux opérations chirurgicales en vain. Avant la deuxième opération chirurgicale, l’Acat, le comite freedom for Joe & co et le comite de soutien aux victimes de la répression ont lancé le 24 mai un « appel à la solidarité internationale ». Il s’agissait de le permettre de retrouver les forces (par la nutrition et la transfusion de sang). D’autant plus que son état famélique, anémique et dénutri, en plus du manque d’argent, ne le permettait pas de subir cette intervention chirurgicale.

Mathieu Nathanaël NJOG
Le Messager du 20-06-2008

 

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