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28 juin 2021 1 28 /06 /juin /2021 14:20

SYNTHESE DU RAPPORT D’ACTIVITES DE LA CDHC

Passage de la Commission des Droits de l’homme du Cameroun devant les Honorables membres de la Commission des lois constitutionnelles, des Droits de l’homme et des libertés, de la justice, de la législation et du règlement, de l’administration de l’Assemblée nationale

 

Honorable Monsieur le Président de la Commission des lois constitutionnelles, des Droits de l’homme et des libertés, de la justice, de la législation et du règlement, de l’administration,

Honorable Monsieur le Vice-Président de ladite Commission,

Honorables Députés, membres de ladite Commission, en vos qualités, titres, rangs et grades respectifs,

Monsieur le Vice-Président de la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun, 

Mesdames, Messieurs les Commissaires de la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun.

Distingués invités,

La gratitude étant la seule vertu dont on ne saurait abuser, je voudrais une fois de plus remercier le Président la Commission des lois constitutionnelles, des Droits de l’homme et des libertés, de la justice, de la législation et du règlement, de l’Administration et remercier très vivement chacun d’entre vous pour votre engagement au service de la noble cause des Droits de l’homme. Le présent exposé portera respectivement sur le bilan des activités de la CDHC en 2020 (I) et sur la situation des Droits de l’homme au Cameroun en 2020 (II).

I.         Pour ce qui est du bilan de des activités de la CDHC en 2020

Il faut d’emblée souligner, et c’est une évidence, que l’INDH du Cameroun, comme d’autres institutions, n’a pas été épargnée par les contrecoups de la COVID-19. Plusieurs activités prévues en 2020 ont été reportées, à l’instar de celles du Projet d’amélioration des conditions d’exercice des libertés publiques (PACEL), financé par l’Union Européenne pour une période de quatre ans (2019-2022) et dont la mise en œuvre a été ralentie en 2020 en raison de la non mise à disposition des fonds par l’Union européenne, pour cause de COVID-19. L’on peut citer à cet égard : la réalisation d’un film documentaire sur les libertés publiques au Cameroun, initialement prévue pour la période de juillet à septembre 2020 et reportée pour la période de juillet à septembre 2021. Mentionnons également l’organisation d’une rencontre d’évaluation et d’échange de bonnes pratiques à l’attention des points focaux, initialement prévue en octobre 2020 et reportée en avril 2021.

En tout état de cause, malgré les difficultés évoquées précédemment et le contexte de la COVID-19, la Commission a mené plusieurs de promotion, de protection, de coopération et de développement institutionnel.

1.        Les activités de promotion

Dans le cadre de notre mission de liaison avec les organisations de la société civile, nous avons accueilli les activités de renforcement des capacités de certaines organisations de la société civile en 2020 dont cinq au siège et 40 dans les antennes régionales.

Nous avons repris avec la publication des déclarations à l’occasion de la célébration des journées régionales africaines et internationales dédiées aux questions des Droits de l'homme, pratique qui avait été abandonnée depuis quelques années. Six déclarations ont ainsi été publiées au cours de l’année 2020. Il convient aussi de mentionner la déclaration de la Commission à l’issue des élections législatives et municipales du 9 février 2020. Nous n’insisterons pas sur les huit communiqués publiés à l’issue des réunions de coordination mensuelle au cours de la même année.

Nous avons par ailleurs participé aux activités organisées par des partenaires à l’occasion des éditions 2020 de la Journée internationale des Droits des réfugiés, notamment l’atelier virtuel sur la mise en œuvre des engagements au Segment de haut niveau sur l’apatridie et au Forum sur les réfugiés le 15 décembre 2020, à l’occasion de la Journée internationale des Droits des personnes handicapées (inauguration de l’unique centre multimédia inclusif d’Afrique subsaharienne à Yaoundé le 2 décembre par le MINPOSTEL, cérémonie en hommage aux 2,9 millions de personnes handicapées que compte le pays, au Centre national de réhabilitation des personnes handicapées Paul-Emile Leger le 3 décembre 2020, avec le MINAS) et aux activités organisées à l’occasion de la Journée internationale des Droits de l'homme, le 10 décembre 2020.

Nous avons également organisé et participé à des ateliers de renforcement des capacités, en collaboration avec l'Association francophone des Commissions nationales des Droits de l'homme (AFCNDH). Un atelier a été organisé à Douala, du 10 au 12 novembre 2020, pour examiner le projet d’instrument juridiquement contraignant sur les sociétés transnationales et autres entreprises commerciales en matière d'entreprises et Droits de l'homme. Nous avons également participé, à Yaoundé, avec des journalistes et avocats, à une réunion de concertation organisée par le Réseau des journalistes en Afrique pour le développement, sur le rôle des médias dans la promotion des Droits de l’homme. La Commission a enfin participé à un atelier organisé par le CNUDHD-AC à Douala, du 25 au 27 novembre 2020, sur la surveillance de l’impact de la COVID-19 sur les Droits de l’homme.

Plus de 200 représentants d’OSC ont été formés ou encadrés au Siège et au niveau des antennes régionales du Sud, du Nord et du Sud-Ouest. 60 jeunes âgés de 18 à 25 ans ont été formés en Droits de l’homme dans les Régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord en août et septembre 2020.

Concernant les activités du PACEL, après l’actualisation du répertoire des points focaux des Droits de l’homme dans les administrations et leur formation en octobre 2019, une deuxième formation des points focaux a eu lieu en 2020. Elle s’est intensifiée au cours de cette année. Il faut mentionner que les points focaux sont appelés à jouer un rôle important dans le suivi des correspondances de la Commission adressées aux administrations auxquelles ils appartiennent et dans le suivi de la mise en œuvre des recommandations.

Deux activités de renforcement de capacités comprenant un atelier et un voyage d’études au Kenya ont eu lieu en 2020, contre trois en 2019 ; l’on y ajoutera le renforcement de la logistique avec l’acquisition de véhicules et d’équipements de bureaux pour le compte du Projet PACEL ; le renforcement des capacités de 300 OSC en matière de suivi des Droits de l’homme, y compris en observation électorale en février 2020 ; la création d’un Observatoire des libertés publiques qui matérialise le partenariat stratégique avec 241 OSC des Droits de l’homme actives sur le terrain et la mise en place de la coordination nationale de l’Observatoire et l’adoption de ses textes en octobre 2020 ; il convient de relever que la mise en place de l’OLPC - en complément du système d’affiliation à la CDHC qui permet de formaliser le partenariat avec 547 OSC - constitue une innovation majeure dans le paysage des OSC au Cameroun, qui a le mérite de poser les fondations d’un processus continu de fédération des initiatives, et de mutualisation des ressources des OSC, en vue d’une amélioration de la situation des Droits de l’homme et des peuples au Cameroun.

Par ailleurs, des activités de sensibilisation en Droits de l’homme ont également été organisées par les points focaux du MINPROFF, du MINTSS, du MINJEUN, du MINCOM, du MINPOSTEL, du SED, du CONSUPE, du MINTP et des Services du Gouverneur de la Région du Centre.

 

 

2.        Les activités de protection

Pour ce qui est de la protection des Droits de l’homme, le traitement des requêtes qui en constitue le plat de résistance a gravement été contrarié par la pandémie du nouveau Corona virus. Le nombre de requêtes reçues au siège et dans les antennes de la CDHC a littéralement été divisé par deux, passant de 1997 requêtes en 2019 à 927 requêtes en 2020 (parmi lesquelles 566 ont été traitées au 31 décembre de l’année de référence). Or, pendant les cinq dernières années, le nombre de requêtes est presque systématiquement allé croissant, à l’exception du léger tassement observé en 2017, où il est passé de 793 requêtes en 2015 à 1136 en 2016, puis à 1409 requêtes en 2018, avant le record de 1997 requêtes inventoriées en 2019.

Sur la base des requêtes traitées en 2020, 363 correspondances ont été adressées aux autorités administratives, 344 aux particuliers, 263 aux organisations de la société civile et 40 aux entreprises.

Parmi les requêtes reçues en 2020, 233 ont été introduites par les OSC, ce qui témoigne de l’effectivité du partenariat de la CDHC avec la société civile dans la défense des Droits de l’homme.

Il y a cependant lieu de relativiser le nombre de requêtes reçues par la Commission, car ces chiffres ne reflètent pas du tout le quantum des violations des Droits de l’homme dans le pays. La plupart des victimes se résignent à leur sort, sans en parler à quiconque ou sans saisir le mécanisme national de protection des Droits de l’homme. D’autres préfèrent saisir les mécanismes régionaux et internationaux de protection des Droits de l’homme. Ainsi, en 2020, quatre communications et appels d’urgence concernant le Cameroun ont été introduits auprès des différents rapporteurs spéciaux des Nations Unies.

La Commission envisage de remédier à la baisse du nombre de requêtes enregistrées en 2020 avec la mise en place d’une ligne verte pour accueillir et traiter les dénonciations des violations des Droits de l’homme. Nous nous réjouissons déjà de l’attribution par l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART) d’un numéro vert (le 1523) à la Cameroon Telecommunications (CAMTEL) pour les besoins de la CDHC. Cette ligne verte va assurément accroître de façon exponentielle, le nombre d’allégations de violation des Droits de l’homme dont la CDHC sera saisie, avec comme conséquence imaginable l’accroissement de la charge de travail de cette institution. Les démarches sont en cours pour son opérationnalisation.    

La CDHC a également publié en 2020 cinq communiqués de presse tendant à dénoncer et à condamner des violations des Droits de l’homme, contre deux en 2019. Il s’agit d’une authentique activité de protection dans la mesure où elle intervient après les faits et tend doublement à empêcher leur répétition et à donner satisfaction aux victimes. Il s’agit donc de déclarations performatives, parce qu’elles produisent des effets après des actes attentatoires aux Droits de l’homme. L’on a ainsi remarqué que depuis le concert d’indignations et de condamnations nationales, régionales et internationales qui ont suivi la tuerie barbare des élèves dans un collège dans la Région du Sud-Ouest, les groupes armés indépendantistes n’ont plus attenté à la vie des élèves dans ces régions troublées.

Des enquêtes ont été menées sur des dossiers tels que la mort du journaliste Samuel Wazizi et les arrestations de militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun.

Les antennes régionales de la CDHC ont effectué un suivi de proximité de la situation des Droits de l’homme avec des résultats concrets dans neuf Régions sur 10, excepté l’Est qui n’a pu démarrer ses activités. La synthèse de leurs activités est systématiquement présentée pendant la Réunion de coordination mensuelle des présidents et rapporteurs des sous-commissions. Ainsi, suite à l’action de l’antenne du Centre en juillet, le Ministre Secrétaire général des Services du Premier Ministre a instruit le Ministre des Domaines de faire un rapport sur les Droits de propriété des riverains de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen ; dans la même veine, le MINREX, constatant la récurrence des différends de travail opposant le personnel domestique des missions diplomatiques accréditées au Cameroun avec les responsables desdites missions ou entre le personnel et les représentants d’organisations internationales, a proposé à la Présidence de la République la mise en place d’un Comité interministériel permanent (MINREX, MINTSS, MINJUST et CNPS), chargé du règlement des litiges sociaux impliquant les missions diplomatiques et les organisations internationales ; en novembre 2020, une commissaire de l’ex-CNDHL avait réussi à faire libérer les femmes du MRC arrêtées à la suite d’une manifestation devant la résidence du Pr Maurice Kamto ; plusieurs personnes illicitement gardées à vue ont été libérées et la situation de plusieurs autres a été clarifiée, suite à l’intervention de la Commission dans les Régions du Centre et du Nord ; en août 2020, l’antenne de l’Adamaoua a favorisé la libération du ranch d’un particulier dont le Droit de propriété était bafoué par des populations du village Wame-grand qui y avaient progressivement abattu des arbres et du bétail appartenant au défunt propriétaire du ranch et entendaient s’y installer malgré les titres de propriété brandis par les ayants droits ; plusieurs employés privés de salaire ou dont les Droits étaient autrement violés ont été rétablis dans leurs droits à travers le pays ; des biens confisqués par des chefs traditionnels ont été restitués à l’Extrême-Nord, etc.

Deux visites d’entreprises ont été conduites à Douala, après des dénonciations de violations des Droits de l’homme. La Commission s’était ainsi rendue à Dangote Cement et aux Aciéries du Cameroun le 23 octobre 2020 pour des investigations relatives aux Droits des travailleurs.

3.        Les activités de coopération

La Commission a renforcé sa coopération avec les organisations de la société civile en 2020. 62 nouvelles OSC ont été affiliées à la CNDHL ce chiffre, en faible régression par rapport à l’année 2019 où 67 OSC avaient été affiliées, résulte probablement des effets de la pandémie de la Covid 19.

Le Président de la Commission a reçu à deux reprises les coordinateurs du Réseau camerounais des organisations des Droits de l’homme le 20 janvier 2020 et le 21 octobre 2020. Des audiences ont également été accordées à l’ONG Action des chrétiens pour l'abolition de la torture, au sujet de l’abolition de la peine de mort.

Concernant les missions diplomatiques, le Président de la CDH a aussi reçu en audience le 11 juin 2020, l’ambassadeur d’Israël au Cameroun, S.E. Isi Yanouka, au cours de laquelle des perspectives de collaboration ont été examinées, notamment dans les domaines de la promotion et de la protection des Droits des groupes vulnérables, parmi lesquelles les personnes handicapées. Cette visite a également permis d’ajouter la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, et plus largement à la lutte contre le Génocide, sur la liste des journées célébrées par la CDHC. 

Concernant la participation aux réunions et rencontres sur les Droits de l’homme, la Commission a participé à très peu de réunions au niveau national en raison de la pandémie de COVID-19. Au nombre de celles-ci :

-          une réunion préparatoire à la visite du rapporteur spécial sur les Droits des minorités, le 27 octobre 2020 ;

-          un colloque sur la protection sociale de l'enfant au Cameroun, le 29 octobre 2020 ;

-          la première session d'évaluation de la mise en œuvre du plan d'action pour la protection des personnes handicapées dans le cadre de la réponse nationale à la COVID-19, organisée par le Ministère des Affaires sociales le 13 novembre 2020 ;

-          une réunion visant l’examen du projet de décret relatif à la mise en place du Secrétariat permanent de la Commission des Droits de l'Homme du Cameroun le 11 décembre 2020 ;

-          l’atelier de validation du Plan national de développement en faveur des peuples autochtones le 9 décembre 2020.

 

Quant aux réunions internationales, la plupart d'entre elles ont été organisées sous forme de webinaires. Ces webinaires ont notamment été organisés par la Commission africaine des Droits de l'homme et des peuples, dans le cadre :

-          du suivi de la mise en œuvre des recommandations de cette instance régionale de promotion et de protection des Droits de l’homme, le 11 novembre 2020 ;

-          de la célébration du 30e anniversaire de la Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant le 23 novembre 2020 ;

-          de la mise en œuvre des engagements du Segment de haut niveau sur l’apatridie et du Forum mondial sur les réfugiés, le 15 décembre 2020.  

 

II.        La situation des Droits de l’homme au Cameroun en 2020

L’année 2020 a été une année difficile pour les Droits de l’homme au Cameroun, autant que pour l’Institution nationale des Droits de l’homme elle-même. La situation des Droits de l’homme dans le pays a été principalement affectée par des problèmes sécuritaires, des catastrophes naturelles, la pandémie du nouveau corona virus, des violences multiformes et la multiplication des accidents de la circulation hautement meurtriers.

En ce qui concerne les problèmes sécuritaires, ils se sont traduits par de nombreuses atteintes au Droit à la vie, notamment à l’occasion des tristes événements de Ngarbuh survenus dans la nuit du 13 au 14 février 2020, de la mort suspecte de Samuel Wazizi poursuivi pour des actes de terrorisme ; des atrocités commises par les groupes terroristes sécessionnistes contre des civils (y compris les enseignants), de l’assassinat ignoble de sept élèves du Mother francesca College à Kumba le 24 octobre 2020, des atrocités commises par des groupes armés dans les régions de l’Adamaoua, du Nord et du Nord-Ouest contre les populations civiles, causant notamment de nombreux enlèvements suivies de demandes de rançons et  nombreuses pertes en vies humaines, surtout contre les populations bororos avec au bilan plus de 350 morts.

 La Commission a également déploré la recrudescence, au cours de l’année de référence des attaques de Boko Haram dans l’Extrême-Nord. Celles-ci avait culminé le 2 août 2020 avec l’attaque à la bombe artisanale du village de Ngwetchewe dans le Département du Mayo-Tsanaga, tuant 18 civils et en blessant 15 autres. Un mois plus tard, le 1er septembre 2020 un attentat kamikaze a coûté la vie à huit civils et en a blessé 14 autres dans un camp de déplacés internes à Kouyapé, dans l’Arrondissement de Kolofata.

Dans l’ensemble, 565 morts ont été enregistrés en 2020 en raison des conflits sus évoqués, dont 272 dans l’Extrême-Nord (soit 230 civils, 23 militaires et 19 kamikazes) et 293 dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest (soit 184 civils dont 24 enfants, 23 agents des Forces de défense et de sécurité, 72 séparatistes, huit chefs traditionnels et six agents de l’Administration).

Quant aux catastrophes naturelles, des glissements de terrain tels que celui de Gouache et des inondations dans plusieurs parties des Régions du Nord, du Littoral de l’Ouest et du Sud-Ouest ont entraîné des pertes en vies humaines, avec notamment 42 morts à Gouache. Sur les 162 000 victimes des inondations dans l’Extrême Nord entre les mois de juillet et d’octobre 2020, 7 350 ont été déplacées et 1500 familles ont perdu leur logement, une cinquantaine de morts ont été enregistrés, tandis que 104 établissements d’enseignement primaire et secondaire ont été détruits, affectant le Droit à l’éducation de 38 000 écoliers et élèves. Parmi les dégâts matériels de ces inondations, il faut ajouter l’effondrement du pont de Palar, reliant Maroua et Kousseri au Tchad et au Nigeria. La reconstruction de ce pont d’importance stratégique est en cours. Il importe aussi de mentionner l’effondrement de la route nationale numéro 1, après les pluies du 31 août 2020. Les dégâts étaient tels qu’une délégation de sept membres du Gouvernement a été dépêchée sur les lieux par le Président de la République entre le 3 et le 7 septembre 2020 pour apporter l’aide de l’État aux victimes.

À Douala, à la suite des inondations du 21 août 2020, 900 familles avaient perdu leur logement et divers biens. Le Ministre de l’Administration territoriale a convoyé l’aide du Gouvernement aux victimes.

De même, la pandémie de la COVID-19, qui s’est introduite au Cameroun en mars 2020, a considérablement contribué à aggraver la situation des Droits de l’homme que l’insécurité qui affecte principalement quatre Régions du pays avait déjà rendue préoccupante. Les mesures de riposte contre cette pandémie, prises par l’État, ont entraîné la restriction de certaines libertés qui, combinée aux ajustements budgétaires imposés par la crise économique provoquée par la pandémie ont, au bout du compte, affecté plusieurs Droits fondamentaux des populations : le Droit à la vie, le Droit à la sécurité des personnes et des biens, le Droit à l'éducation, le Droit à la protection de la santé, le Droit au logement, le Droit à l’alimentation, etc.

En 2020, notre société a également connu la violence sous diverses formes (justice populaire, violences contre les femmes, les enseignants, attaques armées, etc.). Les tensions politiques ont parfois été vives, certains partis politiques ayant appelé au boycott des processus électoraux et d’autres ayant même organisé des manifestations publiques pour inviter au renversement du Président démocratiquement élu et, partant, de l’ordre constitutionnel et de l’État de Droit, sur la base d’allégations de fraudes électorales pendant la présidentielle de 2018. Des allégations que leurs auteurs ont été incapables de prouver devant le Conseil constitutionnel. Étant entendu que l’on est, jusqu’aujourd’hui, sans nouvelles de la procédure engagée devant la Commission africaine des Droits de l’homme et des peuples qui a néanmoins rejeté la demande d’indication de mesures provisoires du demandeur. Précisons que selon divers observateurs, les contestations infondées des résultats de la présidentielle de 2018 par divers acteurs ont entrainé une montée en flèche des discours de haine, y compris des appels au génocide, notamment dans les réseaux sociaux.

Au cours de l’année 2020, 633 décès ont été enregistrés suite aux accidents de la circulation routière, en dépit de la régression de la mortalité routière de 41% en huit ans, entre 2011 et 2019. Il est utile de relever que 2/3 de ces accidents se sont produits dans la Région de l’Ouest ou sur la route y menant, entre 00 heures 30 minutes et 03 heures du matin).

Mais tout n’est pas sombre dans le domaine des Droits de l’homme au Cameroun. La CDHC salue de nouveau la condamnation par le Tribunal militaire de Yaoundé de quatre militaires à dix ans de prison ferme et d’un autre à deux ans de prison pour l’« assassinat », en 2015, de deux femmes et de leurs deux enfants dans la Région de l’Extrême-Nord, le 21 septembre 2020. Nous saluons également la gestion de la tragédie de Ngarbuh avec notamment : 

-          l’enquête ordonnée par le Chef de l’État et menée par une Commission mixte ad hoc mise sur pied le 17 février 2020, sur instructions de ce dernier, par le Ministre Délégué à la Présidence de la République chargé de la Défense et qui comprenait, entre autres, le défunt président de la CNDHL, le Dr. Chemuta Divine Banda, de regretté mémoire, en qaulité d’observateur ;  

-          la publication des conclusions de cette enquête par un communiqué radio et télédiffusé du Ministre d’État, Secrétaire Général de la Présidence de la République le 21 avril 2020 ;     

-          l’arrestation des présumés auteurs ainsi que l’ouverture de poursuites judiciaires effectives contre eux dans le cadre d’un procès ouvert le 10 juin 2020 et qui suit normalement son cours devant le Tribunal Militaire de Yaoundé ;

Cette démarche rentre en droite ligne de l’instruction donnée par le Président de la République, Son Excellence Paul Biya, dans l’allocution qu’il a prononcée à l’occasion du triomphe de la 37e promotion de l’École militaire interarmes de Yaoundé. Le Chef de l’État s’était adressé aux Forces de défense et de sécurité le 24 janvier 2020 en ces termes : « en accomplissant vos missions, vous vous devez de respecter les Droits humains ». Cette prescription, formulée à l’endroit des corps qui ont le droit de recourir à la violence dans des circonstances bien encadrées, vaut a fortiori pour toutes les autres structures de l’État et pour les particuliers. Elle vaut donc pour la société tout entière, d’où le slogan « les Droits de l’homme pour tous et par tous », adopté pour la 28e Session de l’ex-CNDHL qui s’est tenue le 22 décembre 2020.

L’année 2020 a aussi vu le renforcement du dispositif normatif et institutionnel relatif aux Droits de l’homme. Cela s’est opéré à travers la conclusion, la ratification ou l’adhésion à 14 traités et accords, et la promulgation de huit lois ainsi que la signature de 38 décrets ayant des effets sur un grand nombre de champs des Droits de l’homme, qu’il s’agisse des Droits de l’enfant, du Droit à l’alimentation, du Droit à l’éducation, des Droits des personnes handicapées, du Droit à l’information, du Droit à la liberté de culte, des Droits des personnes détenues, du Droit à la protection de la santé, du Droit à la participation politique et à la gestion des affaires publiques, du Droit au travail et à la sécurité sociale, du Droit à un environnement sain et à la protection de la biodiversité, de la liberté de communication, de la liberté d’association, du Droit au développement ou du Droit à la culture et aux loisirs. De quoi confondre les prophètes du désastre.

La Commission des Droits de l’homme du Cameroun observe que si l’œuvre accomplie dans le domaine des Droits de l’homme en 2020 est éloquente, la tâche demeure considérable, entre la sanction des disparitions forcées sur les théâtres de conflits, la prévention de la torture et des traitements inhumains et dégradants notamment dans certains lieux de privation de liberté, le Droit au domicile des déplacés internes, le renforcement du Droit à un procès équitable, la signature des décrets d’application d’une dizaine de lois ayant une incidence sur les Droits de l’homme, la ratification ou l’adhésion à quelque 72 conventions internationales relatives aux Droits de l’homme (dont 56 conventions de l’Organisation internationale du travail), ainsi que la poursuite de la recherche de solutions concrètes pour mettre définitivement un terme aux incursions de Boko Haram dans une partie de l’Extrême-Nord, autant qu’à la situation qui prévaut dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. La situation de ces trois Régions est en effet à l’origine des violations des Droits de l’homme les plus récurentes au Cameroun depuis respectivement plus six ans pour l’Extrême-Nord et quatre ans pour les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, principalement par des acteurs non-étatiques qui y sévissent. Ces situations ont occasionné une augmentation du nombre de déplacés internes du fait des conflits, soit un total de 1 027 686 déplacés internes en 2020 (705 800 déplacés en raison de la situation au Nord-Ouest et au Sud-Ouest et 321 886 déplacés à cause des attaques de Boko Haram). De manière plus globale, en 2020, près de 2,3 millions de personnes supplémentaires avaient besoin d’une aide humanitaire et leur situation a été aggravées avec la pandémie du nouveau Corona virus, qui a sévit ici comme ailleurs.

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