Alors qu'elles voulaient regagner le site du drame pour se recueillir, les premières familles ont été retenues au niveau de la barière de sécurité pendant plus de quatre heures.
L'émotion était intense hier sur le site d'impact. Une dizaine de membres des familles camerounaises et étrangères amenées par la compagnie Kenya Airways s'est rendue à Mbanga Pongo pour apprécier l'ampleur du drame.
Munis de bottes, une combinaison de manteau jaune et gerbe de fleurs à la main, les proches des disparus ont bravé le parcours de combattant dans la forêt de cette mangrove. Motivés et déterminés. " Lorsqu'on t'envoie pour une mission comme celle-ci, il t'appartient d'y arriver ", avoue le capitaine Kessan, inspecteur des Douanes en Côte d'Ivoire. Dans ce crash, son cousin Etienne Tadjio François. Des larmes, des pleurs, des prières et un dépôt des gerbes pour que l'âme des victimes repose en paix.
" J'ai juste déposé une gerbe de fleurs et prié un peu pour mon frère qui est décédé " ajoute-t-il. Et la délégation a pu reprendre le chemin du retour le coeur soulagé. " Je suis psychologiquement libéré " affirme le capitaine Kessan. Sa compatriote, Mme Mayiwa Marie-Vivianne a perdu sa soeur. Mme Ekandje Nelson, une Camerounaise vivant en France, a perdu son compagnon, père de ses enfants. Ces deux femmes n'ont pas caché leur soulagement. " J'ai le coeur léger désormais, la tête libérée " diront-elles, presque en choeur.
Les membres des familles des victimes n'ont pas pu se contenir devant l'ampleur des dégâts. Chacun peut désormais témoigner de la réalité du drame. " C'est la volonté de Dieu. Tel que j'ai vu les débris et l'état du site là, on ne pouvait pas espérer grand-chose. Avec ce qu'on a vu là, même un morceau de bois dans l'avion deviendrait de la poudre. Ce ne sont pas les humains qui résisteraient" précise le capitaine Kessan. M. Ouandji Louis-Roger, Camerounais parti du Kenya, où il réside, a perdu son fils de 27 ans. Ce dernier venait d'achever ses études et devait entamer la vie active. Il trouve la mort alors qu'il était revenu en Afrique saluer sa famille. " Il venait au Kenya pour nous rendre visite après une escale au Cameroun pour saluer sa grand-mère.
Le pèlerinage à Mbanga Pongo n'a pas été facile pour la délégation des membres de famille. Quatre heures d'attente et de discussions chaudes avec les forces de l'ordre et les responsables de Kenya Airways. Des incompréhensions. Même la présence de Mme Suzanne Bomback, ministre des Affaires sociales, présente au point de commandement avancé, n'y a rien pu. Il leur était interdit de franchir la barrière de sécurité pour visiter le lieu d'impact. Les responsables de la coordination des secours redoutaient le pire. " Laisser les familles aller sur le site est un gros risque. Sous le choc et l'émotion, on peut enregistrer une situation inattendue", lance un officier supérieur.
Dans ce climat, il faut attendre les ordres du gouverneur, Gounouko Haounaye, coordonnateur de la commission centrale des interventions dans cette catastrophe. En attendant cette autorisation, les membres des familles sortent de leurs gongs pour protester contre ce traitement.
Au bout du compte, la compagnie Kenya Airways qui s'était organisée pour conduire par groupes de quinze membres les familles éplorées, dans une rotation de trois heures, se contentera d'y conduire un seul groupe. Les autres pourront effectuer le même pèlerinage, ce mercredi.
Le Messager
15 Mai 2007
Publié sur le web le 15 Mai 2007
M.N. NJOG