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NECROLOGIE
Le Maire de Njombe-Penja est décédé aux premières heures du lundi 22 mars 2021 à la Clinique des Maladies Respiratoires de Bonanjo où il était interné depuis une dizaine de jours.
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L’Arrondissement de Njombe-Penja a perdu dans la nuit de dimanche 21 à lundi 22 mars aux environs de 01 heure du matin, des suites de courte maladie (Covid-19) Paul Eric Kingue qui était le Maire qui portait les espoirs d’urbanisation et de modernisation de a Commune éponyme. Le très truculent homme politique s’en va, laissant derrière lui des projets de développement de sa commune, des combats politiques en perspective et surtout des militants et populations désormais orphelins et sans repère. Pour les populations de sa commune, il ne cessait de le dire, il pouvait aller jusqu’au sacrifice suprême. Paul Eric Kingue rêvait d’un destin comme celui du leader des Jeunes Patriotes de Côte d’Ivoire, Blé Boudé ou de celui qui porte le symbole de la lutte contre l’apartheid en Afrique du sud, Nelson Mandela. Comme ces deux derniers, il a été acquitté par un tribunal, la Cour suprême du Cameroun le 18 juillet 2015. Pour finalement sortir de la prison centrale de Douala, où il a avait choisi comme centre de détention pour sa sécurité, le 23 juillet 2015. Une sortie spectaculaire qui avait été auréolée d’une mobilisation populaire des hommes, femmes et enfants partis de la ville de Douala et de ses environs, notamment l’arrondissement de Njombé-Penja où il est perçu comme un martyr, afin de lui manifester leur soutien.
Le martyr de Njombe-Penja
La Commune de Njombe-Penja porte le deuil. Depuis l’annonce de son décès c’est une ruée des populations de cette commune qui ont pris d’assaut son domicile. Ancien Maire Rdpc de Njombé-Penja, Paul Eric Kingue (PEK) s’était vu interpeller aux lendemains des émeutes de la faims de fin février 2008. Après qu’il ait apporté sa solidarité aux populations de sa commune qui manifestaient contre une bavure policière qui avait conduit à la mort d’un manifestant. Transféré devant le Procureur de la République, il a été placé sous mandat de dépôt à la prison principal de Mbanga et par la suite à la prison principale de Nkongsamba.
Pour le procès des émeutes de 2008, il avait été condamné en instance à 6 ans d'emprisonnement fermes, peine ramenée en appel à 3 ans par la Cour d’Appel du Littoral. Une second procédure avait été déclenchée pour un «prétendu» détournement de la somme de 1 400 000 FCFA (Un million quatre cent milles FCFA). Condamné dans un premier temps par le Tribunal de grande instance du Moungo, à 10 ans de prison, la Cour d’appel du Littoral l’a déclaré non coupable, pour faits non établis. Cette procédure va durer 5 ans. C’est aussi elle qui était le prétexte de sa révocation. Le troisième procès, était une accusation d’un détournement d’une somme de 10 millions de FCFA (Dix millions Fcfa). Dans un procès auquel il n’a été ni convoqué, ni attendu, ni comparu. Le TGI du Moungo le condamné à perpétuité. La Cour d’Appel du Littoral ramène le montant à 3 000 000 Fcfa (Trois millions Fcfa). Ce sont la première et la troisième condamnation qui seront portées à la Cour suprême. Et qui ont abouti à sa libération en juillet 2015.
Une vie de bagnard
Après sa sortie de prison le 23 juillet 2015, soit plus de 7 ans de détention ferme à la prison centrale de Douala, l’ancien maire Rdpc de la Mairie de Njombe-Penja se voit désormais un destin politique acéré. C’est ainsi qu’après avoir été approché par plusieurs partis politiques (RDPC, SDF, UMS,…), il décide de créer son parti à l’assise sémi-départementale dans le Moungo-Sud, le Mouvement Patriotique pour un Cameroun Nouveau (MPCN). En créant son parti politique, Paul Eric Kingue (PEK) réalise ainsi une vieille ambition qu’il avait nourrie pendant ses années de prison, alors qu’il se battait dans les procédures juridiques aussi bien pour son acquittement à la Cour suprême que dans les instances onusiennes des droits de l’Homme.
La décision du Groupe de travail des Nations Unies du 29 août 2014, ressortie dans l’avis n°38/2014, dans lequel, l'Etat du Cameroun était enjoint de mettre un terme à cette situation (de détention) qui n'avait que trop duré. Il va en profiter pour disparaitre des radars afin de faire un repli tactique et une santé physique, psychique, morale et même financière avant de se lancer à des nouvelles aventures. En 2020, il est à nouveau candidat aux municipales et brigue sous la bannière du MPCN un autre mandat de Maire de la Commune de Njombe-Penja. La preuve de sa popularité dans son arrondissement. Un parti qui remportera aussi la Mairie de Dibombari et glanera des conseillers municipaux dans d’autres communes du Moungo-Sud. Dans la perspective de la présidentielle de 2019 et des élections couplées législatives et municipales 2018, il s’allie au MRC avant de faire défection.
Né le 20 août 1966, Paul Éric Kingue était également ex-directeur de campagne de Maurice Kamto pendant l’élection présidentielle de 2018. En janvier 2019, sans avoir manifesté, il a été interpellé à Yaoundé, puis écroué à la prison principale de Yaoundé où il y passera 09 mois dans la même cellule que son ancien allié Maurice Kamto dont il va se désolidariser par la suite. Le décès de Paul Eric Kingue, 55 ans, qui était aussi Vice-président des Communes et Villes Unies du Cameroun (CVUC), et promoteur de la télévision SCHOOL TV AFRICA sonne comme un charpe de plomb pour les populations de cet Arrondissement. Homme d’affaire qui se reconstruisait après avoir vu ses entreprises mettre la clé sous le paillasson, son décès est une énorme perte pour sa famille nucléaire, sa commune, mais aussi pour l’espace politique dont il était un animateur avec ses sorties burlesques.
Mathieu Nathanaël NJOG