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3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 20:04

Douala – Droits de l’Homme                    

Aurore Plus N°1554 du mercredi le 15 novembre 2013 a révélé une bataille qui oppose les habitants du quartier Cité Berge Bloc I à un élève de 25 ans accusé d’homosexualité. Le conflit ayant abouti à des échauffourées, a finalement poussé l’accusé à prendre la poudre d’escampette.

 

Un ouf de soulagement pour les habitants de Cité Berge Bloc I à Douala, pourrait-on dire. Enfin ils ont obtenu gain de cause dans le conflit qui les a opposés N. Jephté à des jeunes habitants de ce quartier. Accusé de pratique homosexuelle, il a eu des sueurs froides pendant plusieurs jours. Car sa vie tenait qu’à un fil. Il a réussi in extremis à sortir des griffes de ses pourfendeurs au point de prendre la poudre d’escampette dans la journée de lundi 18 novembre 2013. «Nous l’avons aperçu sur le coup de 11h vêtu en tenue de classe à savoir la veste blanche et le pantalon rouge. Il était accompagné par un homme et une femme, certainement ses parents ou alors des mentors de la même orientation sexuelle qui tenaient ses bagages à la main», témoignent quelques jeunes. Confus, ils avouent n’avoir pas pensé tout de suite à un déménagement vu que le concerné arborait la tenue de classe (élève du Collège Pozam). «Personne n'aurait cri qu'il déménageait. Deux jours plus tard, nous nous sommes rapprochés des autres locataires de la mini-cité dans laquelle résidait le gays, c’est alors que nous avons obtenu confirmation de son départ discret et sans doute définitif des lieux», confie Madeleine Nguekam, témoin.

Ceux-ci se disent être heureux que l’individu en question ait compris que là n’était plus sa place. «Nous réitérons notre position. Des cas pareils de déviance sexuelle qui tournent au vinaigre et sont mis sur la place publique, n’ont pas de place dans ce quartier. Voilà pourquoi nous nous réjouissons que cette brebis égarée ait compris qu’il était urgent de quitter  le quartier», affirment les riverains de Cité Berge Bloc I à Village. En d’autres termes, N. Jephté, 25 ans soupçonné d’être homosexuel a vite fait de décamper pour éviter la furie de ses bourreaux. Son départ survient après la chaude altercation qui est survenu entre lui et son compagnon. Au point d'entrainer l'ire des habitants du quartier au point d’entraîner une agression qui a entrainé des coups et blessures graves. En effet, au soir du dimanche 11 novembre 2013, le lendemain de l’incident qui avait opposé Jephté à  Christian, son supposé compagnon (résidant à Bonamoussadi), des riverains se sont attaqués au concerné locataire d'une mini-cité. Des jeunes de 20 à 30 ans, très farouches, avaient usé de la violence pour faire entendre à leur homophobie, à l’égard d’un supposé gay qui n’a pas su se montrer le plus discret dans un pays où cette orientation sexuelle est réprimée par la loi.

Pour eux, point n’est question de protéger des gens qui se livrent à toute pratique homosexuelle dans leur quartier. «Au moment des faits ce jour-là, nous n’étions pas au quartier pour des raisons professionnelles. Maintenant que nous avons été informés, nous estimons dangereux que le gay, élève au Collège Pozam, ne continue à loger à Cité Berge, car il représente une menace pour nos jeunes frères et nos enfants qu'il pourrait entrainer dans cette orientation sexuelle». Sans aucun doute, c’est cette homophobie qui a contraint le mis à l’index de lever les voiles. Quand bien même il aurait réfuté toutes les accusations qui sont portées contre sa personne. Une histoire qui ne surprend plus au Cameroun. Pays où l’homophobie a atteint la cote d’alerte. Avec une code pénal répressif en la matière puisque l’incrimination des relations sexuelles entre adultes consentants du même sexe qui est puni de peines d’emprisonnement de 6 mois à 5 ans, conformément aux dispositions de l’article 347 bis du code pénal. Conséquence, on enregistre des arrestations quasi-quotidiennes des personnes soupçonnées de pratique d’homosexuelle. Et la majorité se termine par des emprisonnements fermes.  

Linda Mbiapa

 

Encadré

Pratiquants et défenseurs ne sont pas à l’abri

On comprend pourquoi dans les familles camerounaises avoir un membre soupçonné homosexuelle est considéré comme de l’opprobre jeté sur celle-ci. Et par ricochet, le concerné est considéré comme un paria. Rejeté et chassé. Plusieurs cas sont légions. On peut citer celui de Kouayep Tchatchue Alain. Parti en Europe en 2011, alors qu’il s’apprêtait à faire son retour au pays natal, faute d’avoir réussi une insertion sociale en Angleterre, sa famille a appris récemment par le canal de Francis, son ami intime resté au pays qu’il était homosexuel réputé et reconnu comme tel par des groupes homosexuels actifs sur des réseaux sociaux. Comme un tollé, qu’elle n’a pas été la surprise de son ami intime d’entendre sa famille s'opposer en lui demandant de dire à leur enfant, Kouayep Tchatchue Alain, de ne pas envisager cet éventuel retour au pays. Et pour cause, elle ne serait pas responsable de ce qui pourrait lui arriver au regard de la montée de l’homophobie au sein de la population camerounaise. Car elle n’est pas prête d’une part à subir cette souillure familiale ; et d’autre part de le voir finir ses jours en prison ou lynché dans les exactions de la justice populaire. Parce que malgré le combat des défenseurs des droits de l’Homme, à l’instar de Me Alice Kom, Avocat au barreau du Cameroun, et combattante acharnée pour la dépénalisation des relations sexuelles entres personnes adultes de même sexe. Ce d’autant plus que cette orientation sexuelle reste un délit réprimé par le code pénal. Pourtant cette avocate ne cesse de clamer que «cette incrimination viole le droit à la vie privée et à la protection contre la discrimination». Il ne va de même des organisations de la société civile, qui ne cessent de recommander à l’Etat de prendre des mesures qui s’imposent pour mettre fin à ces préjugés, à la stigmatisation sociale et de montrer clairement qu’il ne tolère aucune forme d’harcèlement, de discrimination et de violence à l’égard de personnes au motif de leur orientation sexuelle. Car tout comme Me Alice Nkom, plusieurs autres avocats qui travaillent à ses côtés à l’instar de Me Michel Togue, Conseiller Juridique du Redhac, Avocat  au Barreau du Cameroun, et très investi dans la défense des personnes supposées homosexuelles, sont harcelés d’abandonner la défense des personnes homosexuelles. Les membres de leurs familles essuient même des menaces portant atteinte à leur vie.

 

Article paru dans le journal Aurore Plus du 21 novembre 2013

http://auroreplus.com/index.php?option=com_content&view=archive&year=2013&month=11&Itemid=75

 

 

 

 

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