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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 16:22

Tribunal – Justice      

La Cour en a décidé ainsi hier jeudi le 03 mars 2011. Mercredi prochain sera consacré à la suite des plaidoiries de la défense au sujet des émeutes de février 2008.

 

Le temps imparti et les multiples occupations liées à ses obligations de président du tribunal, n’ont pas permis à l’avocat de l’accusé, Me Rene Mamfo de finir ses plaidoiries. Mais avant, il aura fait un brillant exposé dans le but de recentrer les débats et d’apporter des arguments en vue de défendre son client et de battre en brèche quelques interprétations faites par le Procureur général représentant le ministère public. L’audience qui a duré près de trois heures et demie d’horloge a permis au ministère public d’achever ses réquisitions. Ce dernier dans son réquisitoire y est allé cas par cas. De prime à bord, il est revenu sur les défenses de quatre jeunes accusés d’avoir participé aux émeutes de février 2008 dans la localité de Penja. Dans leurs témoignages tout le long de ce procès, ils ont nié les faits qui leur sont reprochés. « Tous ont prétendu avoir été absents lors des émeutes de février. D’aucuns ont fourni des faux dossiers médicaux prétextant qu’ils étaient malades au moment où la ville était à feu et à sang. Mais ils ont menti…Par conséquent, aucun élément ne peut modifier la décision rendue par le premier tribunal », a laissé entendre le ministère public dans ses réquisitions. Et d’ajouter que la Cour doit confirmer leur culpabilité sur le chef d’accusation de pillage en bande. Et pour certains parmi ces jeunes, le ministère public a également affirmé qu’il leur soit confirmé le chef d’accusation portant sur l’obstruction sur la voie publique.

Ensuite, c’était au tour de Paul Eric Kinguè. Le concernant, le ministère public a indiqué que l’accusé a fourni tous les éléments de défense en sa possession. Et qu’en dépit du fait qu’il nie toutes les accusations (complicité de pillage, complicité de destruction, d’obstruction sur la voie publique et de réunion illégale), « tout indique que Paul Eric Kinguè est le commanditaire des émeutes de février2008  à Penja. Nous sommes d’accord avec lui lorsqu’il précise que celles-ci n’étaient pas spontanées mais manipulées. Là où nous ne nous accordons plus, c’est au niveau de la personne à l’origine de ces actes ». Le Procureur général s’est lancé dans une démonstration minutieuse qui porte à croire que l’ex maire de Njombé-Penja a manipulé et incité les jeunes à poser des actes criminels et crapuleux en février 2008. Surtout que lors du défilé du 11 février 2008, dit-il, des gens avaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « laissez notre maire tranquille, laissez le travailler ». Celles-ci s’adressaient selon le ministère public, aux dirigeants des Plantations du Haut Penja (Php) et autres adversaires. Il s’est inscrit en faux contre la déclaration selon laquelle Paul Eric Kinguè accuse trois de ses adversaires d’être à l’origine de ces émeutes aux fins de lui faire porter le chapeau. Et de ce fait a demandé à la Cour de confirmer la culpabilité de l’élu du peuple sur les chefs d’accusation qui pèsent contre lui.

Le procureur général est ainsi rejoint dans ses dires par la partie civile. Celle-ci précise que Paul a envoyé les jeunes à la rue via ses paroles. On se souvient qu’il avait déclaré que « le malheur des autochtones de Penja vient de l’exploitation de leurs terres. Cela dit tout monsieur le président. Des témoignages des uns et des autres, il ressort que Kingue a l’ascendance sur les jeunes, alors qu’a-t-il fait ? Quelle est la preuve qui atteste qu’il a remis les manifestants aux mains de la police ? Monsieur le président, confirmez le jugement ne serait ce que sur la complicité de Kinguè », martèle la partie civile.

Linda Mbiapa

 

Encadré

Défense de René Mamfo

« Un matin de son 33ème anniversaire, Paul est arrêté et emprisonné depuis 03 ans, on ne sait pourquoi. Un décret signé en 2008, dit qu’il a été suspendu de ses fonctions pour irrégularités dans la gestion des deniers publics et non pour les émeutes de février. Alors de quoi l’accuse t-on ? », s’interroge l’avocat, qui demande à la Cour de ne pas se laisser ébranler par les interprétations qui font ombrage dans son esprit. Ce dernier dans son exposé explique que Paul n’avait aucun intérêt à ce que Njombé-Penja soit à feu et à sang alors qu’il venait d’être élu. Cela faisait trois mois. Il dit avoir du respect pour le procureur général mais seulement, le ministère public « tient le mauvais bout. La loi pénale, c’est la technique. Point n’est lieu de déduction ni de supposition. Les représentants du ministère public sont brillants et c’est parce qu’ils le sont qu’ils font de la gymnastique de l’esprit dans laquelle, les gens peuvent être victimes des accidents cardio vasculaires. Je ne souhaiterais pas que la Cour s’y mêle car j’ai confiance en la justice de mon pays ». Rene Mamfo estime que c’est une insulte que de dire qu’un maire, président de sa section pendant 15 ans est un casseur. Et donc, pour lui, il n’y a que les adversaires de Kinguè qui avaient intérêt à ce que Njombe-Penja soit détruit. « Kinguè est assis là parce qu’il défend les intérêts de son pays (parlant du paiement des impôts que celui-ci réclamait aux étrangers, ndlr). J’attendais que l’on me donne des textes qui récriminent ce nationalisme ou patriotisme ».

Sur l’infraction de réunion, d’obstruction sur la voie publique, l’avocat affirme que c’est absurde de reprocher cela à Kinguè car il est maire et en tant que tel il a pour devoir de barrer la voie, d’autoriser, de nettoyer. Cela participe de ses attributions.

 Par ailleurs, la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés (Cndhl), suite à une descente effectuée, il y a de cela quelques semaines à la prison centrale de Douala a établi un rapport. Elle a de ce fait envoyé des correspondances au président et au procureur général près la Cour d’Appel du Littoral,  au procureur de la République près le tribunal de grande instance du Moungo. Le chef d’antenne régionale de la Cndhl du Littoral, le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, le secrétaire général des services du premier ministre et vice-premier ministre, ministre de la justice Garde des Sceaux ont eux aussi reçu une note de la Cndhl. Elle réclame dans ces notes le droit à un procès équitable de Paul Eric Kinguè.

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