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14 mai 2008 3 14 /05 /mai /2008 15:01

Litige foncier

 

Les obsèques de Mlle Madeleine Désirée Edith Makondo, 30 ans, ont été reportés plusieurs fois pour une histoire de litige domanial. Au bout du compte, elle a été inhumée aux environs de 23 heures, samedi 10 mai 2008 après avoir creusé plusieurs tombes et consommé la collation.

 

Il est 23h samedi 10 mai 2008 lorsque Mme Ngo Iyouck Régine, épouse Makondo, voit enfin enterrer sa fille, Madeleine Désirée Edith Makondo, trente ans. L’inhumation a ainsi lieu sur la parcelle de terrain que Mlle Makondo avait achetée pour sa mère derrière la pharmacie Ndogbati à Bassa-Douala. C’est la quatrième tombe que la famille a ainsi fait creuser. Avant la tombe dans laquelle la dépouille est désormais ensevelie, trois autres avaient déjà été faites sur la même parcelle. A chaque fois qu’on a creusé le sépulcre, il y a eu l’opposition d’une famille qui revendique le droit de propriété sur la parcelle.

Pendant deux semaines en effet, la famille de la défunte s’est battue pour que le corps de leur fille soit mis sous terre à l’endroit sollicité. Pour comprendre cette affaire, il faut remonter à 1974 lorsque M. Tchaptcha Célestin Débrazard achète une parcelle non titrée à 390.000 Fcfa derrière la pharmacie Ndogbati à M. Kotto Moussongo. Lorsque ce dernier décède, les enfants décident d’obtenir le titre foncier de la globalité de leur terrain. La procédure d’obtention du titre foncier demande d’importants frais. Ils font appel aux acquéreurs des parcelles pour contribuer au financement de la procédure. Tous répondent sauf la famille de feu Tchaptcha (décédé entre temps). C’est alors qu’il est proposé un remboursement à la famille Tchaptcha. Mais les ayants droit du défunt ne viendront pas récupérer cet argent. Leur parcelle est revendue en 2002 à Mme Ngo Iyouck Régine, épouse Makondo, à 5 millions de Fcfa. Selon Mme Mokondo, la procédure de morcellement est en cours.

Lorsque sa fille Madeleine Désirée décède le 16 avril 2008, la famille décide de l’enterrer sur cette parcelle. L’inhumation est programmée dans un premier temps pour le 3 mai. C’est alors que des jeunes sont réquisitionnés le mercredi 30 avril pour creuser la tombe. Mais celle-ci est refermée nuitamment. On accuse la famille Tchaptcha d’avoir appelé des gens pour le faire. C’est alors qu’une bataille juridico-administrative est déclenchée dans les deux camps. La famille éplorée obtient du sous-préfet de l’arrondissement de Douala Ve, territorialement compétent, l’autorisation d’inhumer. Le jeudi 8 mai 2008, la famille creuse une deuxième tombe pour une inhumation prévue pour le 10 mai. La famille opposante la referme, comme pour s’y opposer.

Dans la matinée de samedi 10 mai, la famille fait creuser une troisième tombe dans la même parcelle. C’est alors que veuve Tchaptcha, ses enfants et trente cinq gros bras font à nouveau une descente punitive et contraignent les creuseurs à arrêter leur besogne. Leur matériel de travail est confisqué. Lorsque les membres de la famille endeuillée arrivent sur les lieux, veuve Tchaptcha aurait brandit un acte du procureur de la République interdisant cette inhumation. C’est alors qu’une course contre la montre est déclenchée auprès des autorités administratives et des forces de l’ordre pour obtenir le droit d’inhumer.

Ne trouvant aucune solution aux environs de 17heures, la collation est offerte aux personnes présentes aux obsèques. La maman de la défunte décide de conserver la dépouille dans la concession familiale. Il faut attendre 19 heures pour que les membres de la famille obtiennent l’intervention de la compagnie de gendarmerie de Bassa II. Mais avant l’arrivée des éléments du capitaine Louis Djob, la famille recrute une quinzaine de malabars qui vont permettre la creusée d’une quatrième tombe. C’est ainsi que vers 23heures, l’enterrement finit par avoir lieu. Madeleine Désirée Edith Makondo s’en est définitivement allé, peut-on dire pour le moment. Pourvu que son corps ne soit pas déterré dans les jours qui viennent.  

 

 

Mathieu Nathanaël NJOG
Le Mesager du 13-05-2008

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