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14 mai 2008 3 14 /05 /mai /2008 14:46

Société – Opération Epervier

Depuis jeudi 8 mai dernier, Zacchaeus Forjindam Mungwe et Mme Rose Njoh Moudio sont écroués à la prison centrale de Douala. Comment vivent-ils leurs premiers jours de détention ?

 

La prison centrale de Douala au quartier New-Bell ploie toujours sous l’effet des effectifs pléthoriques. Prévue pour accueillir 600 prisonniers, elle compte aujourd’hui 3827 détenus.  A l’intérieur, se recrutent des individus qui, en liberté, appartenaient à des catégories sociales bien disparates : du simple débrouillard au directeur général de société. Les motifs pour lesquels ils sont écroués sont aussi divers que leurs origines socioprofessionnelles. Du maraudage à l’assassinat de personnes…

Aux personnalités qui justifiaient d’un statut social enviable avant d’y être envoyés à la faveur de l’opération Epervier, il est surtout reproché le détournement de fonds publics. Ainsi en est-il de Zacchaeus Fojindam Mungwe et Mme Rose Njoh Moudio, respectivement ex directeur général et directrice administrative et des ressources humaines du Chantier naval et industriel du Cameroun (Cnic). Ils y ont été déférés le jeudi 8 mai 2008 aux environs de 21h, après avoir passé une nuit à la police judiciaire. Un jour avant, ils avaient été limogés de leurs postes respectifs à la mi-journée à l’issue d’un conseil d’administration expéditif.

 

Rose Njoh à chaudes larmes

Conduits à New-Bell sous forte escorte des éléments de la division provinciale de la police judiciaire du Littoral (Dppjl), Mme Rose Njoh a fondu en larmes à son arrivée à la maison d’arrêt. « Elle était pratiquement inconsolable », confie un gardien de prison. A leur arrivée, le régisseur de prison qui avait déjà gagné ses appartements privés jouxtant la prison, revient son bureau pour accueillir les deux nouvelles victimes de l’opération de lutte contre la corruption et le détournement de deniers publics.

Pendant deux heures, il s’attelle à remplir les procédures afférentes à leur internement. Mais de temps en temps, il leur remonte le moral. «Vous savez c’est une nouvelle épreuve et pas facile à affronter. Car vous passez, l’instant d’un battement de cils, de la liberté totale à la privation de liberté, il faut pouvoir vous faire accepter cela», confie un agent de ce pénitencier.

Il poursuit : «Le régisseur, dans sa clairvoyance habituelle, a permis que la forte somme et les biens que Forjindam portait sur lui soient remis à un membre de famille ». Car, dans cette prison, au moins 600 bandits de grand chemin ne craignent plus rien. « Ils sont capables d’agresser ces gros bonnets par tous les moyens et de les dépouiller ». C’est ainsi que les 825.000 Fcfa et trois téléphones portables que Forjindam portait sur lui sont mis en sécurité. Les bijoux de Mme Njoh sont également sécurisés.

 

Zacchaeus aménage sa cellule

La psychothérapie terminée, le régisseur les fait conduire dans leurs quartiers respectifs. A un peu plus de 23 heures, Zacchaeus Forjindam est installé au quartier 18, dit spécial homme, et Mme Rose Njoh Moudio amenée au quartier 17, spécial femme. L’ex-directeur général du Cncic demande s’il y a une possibilité pour que son ancienne collaboratrice soit aussi détenue au quartier 18 où sont « les grosses légumes ».

Là on y retrouve en effet le chef de ce quartier qui est par ailleurs le Pdg de l’Agence de voyage Grand Ouest, Etondè Ekoto, l’ex-Pca du port et ex-délégué du gouvernement à la communauté urbaine Douala, Ewodo Noah, le Dga du Port autonome de Douala, Lamine Mbassa, l’ex-directeur administratif et financier de la Cud, M. Djem, ex-receveur municipal de la commune urbaine d’Edéa, le Dr Mbangue incarcéré dans le cadre des enquêtes sur le  détournement des fonds de lutte contre le Sida, etc.

Mais Forjindam bute au refus du régisseur. « Le quartier 18 spécial ne reçoit pas de femme », explique un gardien de prison. Il y a un quartier spécial femmes. C’est là-bas que Mme Rose Njoh Moudio finit par se retrouver. Elle y a été accueillie par le chef de ce quartier, Mme Linda, elle-même déférée dans le cadre de la gestion des fonds de lutte contre le Sida.

Depuis lors, Forjindam occupe l’une des cinq chambrettes individuelles du quartier spécial. «La dernière d’ailleurs ! ». Aussitôt, il a entreprit les travaux d’amélioration de son nouveau cadre de vie. Depuis vendredi, un climatiseur y a été installé et samedi dernier, sa famille l’a doté d’un téléviseur. Le ballet de ses amis, membres de famille et anciens proches collaborateurs y est infernal.

Mathieu Nathanaël NJOG

 

 

Le Messager du 13-05-2008

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