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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 20:20

Lions indomptables

Le Village Malmiang par Mandoumba dans l’arrondissement de Matomb a été le samedi 5 juin 2010, le théâtre d’une importante cérémonie des rites traditionnels des Mbombog. L’objectif permettre aux Lions indomptables d’aller le plus loin possible lors de la Coupe du Monde en terre africaine.

 

En grappe et à l’unisson, les patriarches Bassa’a-Mpo’o-Bati se dirigent aux premières heures de la matinée dans un coin du domaine de Jérôme Minlend, élite du village Malmiang et hôte de la cérémonie qui se veut essentiellement discrète. Chacun est dans la tenue traditionnelle d’apparat avec leurs attributs. Une chéchia sur lequel perle des cauris et une plume de perdrix de couleur rouge. A la main, un chasse-mouche et en plus pour certains une canne. Sur le lieu du rituel, un tronc d’arbre, une brebis, des feuilles des arbres de la forêt et des bidons contenant des potions. Après quelques heures de rituel, les patriarches sont repartis du lieu du rituel, satisfait, avec la brebis immolée, les chasse-mouches levés à l’unisson, le regard ragaillardi pour une photo de famille et un repas partagé en toute convivialité. «Nous sommes venus au village Milmiang, pour une cérémonie traditionnelle de bénédiction des Lions indomptables. A cette occasion, nous avons demandé unanimement que les Lions gagnent, au nom du seigneur et au nom de nos ancêtres »,  affirme le doyen des patriarches, Mbombog Ndje Bileg Moïse, 96 ans. Des indiscrétions font état de ce qu’ils dans ce rituelle en plus d’implorer les ancêtres et leur Dieu de voir Eto’o et ses camarades ramener le trophée de la Coupe du Monde au Cameroun, ils ont demandé aux ancêtres de taire les querelles et restaurer la sérénité qui n’est pas ce qui règne le mieux ces derniers temps au sein de l’équipe nationale. En outre, ils ont décidé de taire le différent qui les opposait à Rigobert Song. Dit-on n’était plus en odeur de sainteté avec ces patriarches depuis le « Hemlé Njé », cérémonie de célébration en novembre 2009 de ses dix ans de capitanat à l’équipe nationale. Motif un manque de respect à ses patriarches qu’il avait ignorés. Pour marquer leur pardon. Ils ont rouvert les voies du succès à Song Bahanag et lui ont accordé l’éventualité de retrouver ses jambes et sa vigueur de15 ans.

Cet acte témoigne de la grande mobilisation, mais de la frénésie qui a gagné tous les camerounais à la proche de cette compétition majeure, la plus prisée du monde. Avec cette particularité que l’Afrique l’abrite pour la première fois, 70 ans après sa création. Et déjà, tout le continent rêve à l’occasion de faire d’un coup d’essai un coup de mettre. En espérant qu’au soir du 11 juillet, l’un de ses six représentants soulève pour la première le trophée le plus prestigieux de la planète  foot. En revanche, il y a aussi cette grande peur du bide. Celui de voir tous ses plénipotentiaires africains faire une piètre performance. C’est pourquoi, au Cameroun, les Mbombog ont répondu à l’appel du peuple comme l’avoue l’un d’eux Mbombog Minkeng II Pierre. «Nous avons un devoir de solidarité nationale. C’est ce devoir qui nous a interpellé au moment où nos enfants s’apprêtent à aller défendre les couleurs du pays dans la plus grande compétition sportive du monde. Et ce devoir, comme tous ceux que nous accomplissons pour le bien de notre pays ne nécessitait pas de bruit. Et le conclave qui a eu lieu n’avait pour seul but que celui d’apporter notre modeste contribution à notre pays. »

 

Action patriotique

A ce titre, chaque camerounais y met du sien pour voir l’équipe nationale aller le plus loin possible dans cette compétition. Les initiatives individuelles et collectives sont légions. Pour mieux situer le contexte de cette cérémonie, Jérôme Minlend, le Pdg du Cabinet d’Audit Conseil international (CAC), la seule entreprise camerounaise à faire partir du très sélectif groupuscule des tops sponsors officiels des Lions, dira qu’il s’agit comme le dit les us et coutumes locales d’aller tirer sa force d’où elle se trouve. A l’exemple des animaux qui tirent leur force de leur queue. «Dans cet élan, il est question de faire jouer la tradition la plus pure. Et comme nous venons tous de quelque part, le fait de réunir ainsi tous les patriarches Bassa-Mpo’o-Bati- marque bien cette volonté de rentrer aux sources. Car, on est dans une ambiance de Coupe du Monde qui va au-delà de valeur des 23 Lions.» On espère que cela va porter les fruits escomptés. Sans pour autant être péremptoire Mbombog Minkeng II Pierre rassure. « Nous avons fait les choses dans les règles de l’art, suivant les enseignements ancestraux que nous avions reçus. C’est dire que nous avons fait le travail comme il le fallait. » En la matière, les patriarches Bassa n’étaient pas à leur première action similaire. On met à leur compte les meilleures performances des Lions indomptables et bien d’autres faits d’armes que le Cameroun a réalisé dans plusieurs autres domaines.

Il a trois ans déjà, à la veille de la Coupe d’Afrique des nations, Ghana 2008, des jeunes camerounais originaires de la région Bassa, partis du constat que le Cameroun ne possédait pas une sélection rassurante, ont eu l’ingénieuse idée de solliciter une fois de plus les patriarches de cette région pour accompagner dans les rituelles traditionnels les Lions qui devaient défendre les couleurs du Cameroun. Simplement pour répondre à cet appel, il avait fallu, quelqu’un qui pourrait parler au nom des Lions avec autorité. Les jeunes firent alors appel à Ghewa Ikouam, entraîneur national adjoint de l’équipe nationale. La suite, on la connaît. Finaliste de la Can Ghana 2008. En ce moment, on dit la situation presque identique, au regard des prestations produites par la sélection camerounaise tout long des matches de préparation. Le Cameroun frise même, une déculottée comme à la Coupe du Monde 94. D’autant qu’elle traverse la même période de transition. Avec une équipe en reconstruction et rajeunie à 85%.

Comme les fois précédentes, cette cérémonie a eu lieu en l’absence fois des principaux protagonistes que sont les joueurs. Mais comme particularité, elle a eu comme parrain, Jérôme Minlend, Pdg de CAC, sponsor des Lions. En outre, elle a rassemblé, pour la première fois la quasi-totalité, soit une centaine de patriarches Bassa’a-Mpo’o-Bati, qui sont volontairement partis de la Sanaga-Maritime, du Nkam, du Wouri, du Mbam et Inougou, et du Nyong et Kellé pour effectuer dans l’union des cœurs et en communions des rites traditionnels de bénédiction aux Lions indomptables en prélude à la Coupe du Monde 2010. « L’objectif étaient d’envoyer plus qu’un message aux Lions indomptables, sur la difficile mais exaltante mission qui est la leur dans cette expédition Sud-africaine, afin qu’ils aillent ramener le trophée au Cameroun », souligne Jérôme Minlend.

André Som

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