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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 13:27

Comment...taire

Emeutes de Fin février 2008

 

Lorsque nous avons appris le 13 novembre courant que Lambo Sandjo Pierre Roger a adressé une correspondance au chef de l’Etat, SE Paul Biya, on subodorait que l’objet porterait sur une demande de grâce. Il n’en est rien car  le libellé parle plutôt d’une «Ampliation de dénonciation». D’emblée, on se demande ce qui a décidé le chef du quartier 12 de Mbanga, d’écrire au président de la République depuis la cellule spéciale 18 de la prison centrale de Mbanga où il a été transféré le 29 octobre 2008 venant de la prison principale de Nkongsamba à la suite de son arrestation le 9 avril 2008, suivie de sa mise sous mandat de dépôt provisoire.

En parcourant la lettre frappée du sceau confidentiel, on comprend très vite que Lambo Sandjo Pierre Roger, de son nom d’artiste, Lapiro de Mbanga, a été motivé par les dernières révélations flagrantes de l’affaire pour laquelle il purge une condamnation à 3 ans de prison ferme et 280 millions Fcfa et à payer des dommages et intérêts repartis ainsi qu’il suit : 200 millions Fcfa à la société des plantations de Mbanga (Spm) et 80 millions Fcfa au ministère des Finances, représenté par le Centre divisionnaire des impôts (Cdi). «Matouke Matouke a été arrêté avec les portes du Centre divisionnaire des Impôts [incendié],  Ali Baba (le vice-président des moto-taximen de Mbnaga), a été arrêté avec le matériel informatique de bureau, tous les deux ont été curieusement libérés par le commissaire de police Assoa Assoa Martien, laissant ainsi en liberté deux auteurs qui auraient témoigné en justice pour établir ma culpabilité ou non dans le cadre de ces pillages», dénonce-t-il. Des révélations qui corroborent le fait qu’il serait victime d’une machination montée de toute pièce.

 

Le commissaire Assoa Assoa mis à l’index

Lapiro de Mbanga demande dans cette lettre au chef de l’Etat qu’il soit ouvert une enquête plus approfondie. «Monsieur le président, au vu de ce que je dénonce, il y a lieu d’ouvrir une enquête sur le rôle trouble du commissaire de police Assoa Assoa Martien, commissaire de la sécurité publique de Mbanga dans la gestion des arrestations des auteurs de pillages en bande à Mbanga des émeutes de fin février 2008», écrit-il. Et pour cause, le chef du quartier 12 de Mbanga fait le constat de ce que, lors des « émeutes de la faim » qui ont mis à feu et à sang la quasi-totalité des villes du pays, parmi lesquelles Mbanga, des centaines de jeunes ont été arrêtés par les forces de maintien de l’ordre dans la localité de Mbanga et seulement une vingtaine de ces individus, toutes unités de forces de l’ordre confondues, a été déférée au parquet et la grande majorité de ces individus a été purement et simplement libérée par les forces de maintien de l’ordre.

Si ces libérations cachent pas mal une forte odeur de dessous de table, Lapiro de Mbanga insinue qu’il y a lieu d’y voir un complot contre sa personne. D’autant qu’il sera arrêté et mis sous mandat de dépôt plusieurs mois après les émeutes et après les procès expéditifs des présumés émeutiers que les chefs d’unités des forces de  l’ordre auront décidé de livrer à la Justice. Rappelant que, si ces émeutiers ont été arbitrairement ou impartialement, pour certains, reconnus auteurs de ces émeutes et condamnés à des peines symboliques et par la suite graciés par le président de la République, il y a lieu de s’interroger sur l’acharnement et le traitement inhumain qui lui a été réservé, lui que les différentes juridictions ont déclaré coupable de «complicité de pillage en bande, destruction et attroupement sur la voie publique.»

Pourtant, Lapiro de Mbanga ne cesse de crier son innocence. Rappelant qu’il avait été sollicité par le sous-préfet de Mbanga de l’époque des faits, Simon Kwenti Ndoh pour l’aider à calmer les jeunes dans la ville. Pris dans les feux des jeunes déchaînés, il a été abandonné par le chef de terre et son état-major, et sa bonne volonté s’est retournée contre lui. Comme s’il ne s’était agi que de le prendre dans un  traquenard… Tout comme en 1991 lorsque au fort des casses des jeunes qui réclamaient les lendemains meilleurs, il a été sollicité par le gouvernement pour désamorcer la bombe sociale, c’est lui qui a fini par payer le plus grand tribut, en s’en tirant avec tous ses biens incendiés. Par une population qui l’accusait de s’être compromis et abandonné le combat pour lequel il était le chantre et le porte- parole. Paul Biya entendra-t-il son appel ?

Mathieu Nathanaël NJOG

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