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27 décembre 2008 6 27 /12 /décembre /2008 13:54

Livre

Dans un livre qui vient de paraître aux éditions Afecac «Mon commissaire aux comptes dans l’espace Ohada», l’auteur Rémy Emmanuel Ngue apporte sa modeste contribution dans la responsabilité que doit assumer chaque maillon dans la bonne gouvernance d’une entreprise.

 

Depuis les années 80 le Cameroun a connu toute sorte de liquidations des sociétés d’Etat. Rarement réussies d’ailleurs. Toutes ses liquidations n’avaient toujours pas pour origine la crise économique, mais beaucoup plus la mauvaise gestion. N’ayant rien pour résoudre cet épineux problème et le laxisme aidant, les crises et scandales financiers dans les entreprises publiques et para-publiques ont depuis 2000 dévoilé des pratiques sophistiquées (peu orthodoxes) effectuées par des dirigeants consistant en des techniques d’ingénierie juridico-financières, de croissance externe qui permet de cacher les déficits faramineux et l’immixtion des cabinets d’audits dans le conseil financier. Ce qui n’était jusqu’alors perçu comme des actes singuliers et anodins ont pris un coup d’accélérateur en 2005 avec une vaste opération de moralisation de la gestion des affaires publiques, baptisée : «Opération épervier». Et qui se traduit par une vague d’arrestations, jugement et condamnation des dirigeants qui étaient encore il y a quelques temps plus tôt des hommes puissants et quasiment intouchables. Pendant ce temps, le mécanisme et les responsabilités dans ces détournements de deniers publics reste pour l’imagerie populaire une véritable nébuleuse.

«Mon commissaires aux comptes dans l’espace Ohada », le livre que vient de publier aux éditions Afecac (Audit fiduciaire expertise conseil Afrique centrale) par Remy Emmanuel Ngue, expert comptable agrée Cemac, et commissaires aux comptes se veut la réponse de toutes ses interrogations. Et la méthode utilisée pour construire cet ouvrage se veut didactique et thématique. Subdivisés en dix neuf thèmes, ils sont abordés de manière à pousser à la réflexion et à emmener progressivement le lecteur vers une solution. «L’objectif de cet ouvrage est d’aborder la gouvernance d’entreprise, à travers l’un de ses piliers qu’est le commissaire aux comptes », affirme son auteur. Car il explique le rôle des différentes acteurs de l’entreprises, la fonction du commissaire aux comptes dans la gouvernance d’entreprise et permet aux lecteurs de comprendre aisément les méandres de cette profession qui aujourd’hui est au centre de tous les débats.

 

Le contrôleur de finances à dorer

Puisque l’imagerie populaire ne comprend pas que les dirigeants, les actionnaires et les commissaires aux comptes approuvent des comptes qui s’avèrent plus tard des faisceaux de malversations financières. Surtout que le législateur Ohada a confié une mission très importante au commissaire aux comptes dans la bonne marche de l’entreprise. Puisqu’il est une sorte de tour de contrôle, qui en même temps rassure, moralise et sanctionne lorsqu’il le faut. Mais seulement, le « Mon » utilisé dans le titre du livre pose la question de l’indépendance du commissaire aux comptes. Puisqu’il est coopté, puis nommé et ensuite rémunéré par celui-là même qu’il doit contrôler et exprimer son opinion sur sa gestion à travers les comptes qu’il certifie. Dans ce contexte, l’utilisation du « Mon » par le dirigeant d’une entreprise «symbolise à lui tout seul, une appartenance, une domination, une aliénation. Il illustre donc une sorte d’opposition de personnes ou de pensées», explique Rémy Ngue.

Dans ce contexte le commissaire aux comptes se trouve ainsi confronté à gérer un conflit d’intérêt entre la transparence totale et le secret, mettant en cause sa responsabilité chaque fois qu’il s’abstient de révéler des fait délictueux dont il a connaissance dans son accomplissement. Alors l’auteur de démonter qu’on l’appelle «Mon» ou «Le» commissaire aux comptes, cela  ne change pas ces missions et sa responsabilité. Notamment son obligation de résultats et sa responsabilité de moyens. Toutefois, le livre replace chaque maillon de la chaîne dans la gestion d’une entreprise dans sa responsabilité. Celui des dirigeants, des actionnaires et des commissaires aux comptes.

Mathieu Nathanaël NJOG

 

 

 

 

Interview - Remy Emmanuel Ngue

Auteur de l’ouvrage «Les Etats financiers Ohada», édition Afecac, 2006, il vient de commettre toujours dans le domaine des finances « Mon commissaire aux comptes dans l’espace Ohada » éclairci dans son nouvel ouvrage toute cette question.

« Le livre replace chacun dans sa responsabilité ».

 

Avez-vous écrit ce livre seul ou en association ?

Je l’ai écrit seul et ensuite on y trouve la contribution de sept autres experts comptables, des juristes, camerounais et étrangers. Je pense que la science il faut la partager. J’ai voulu à travers cet ouvrage faire intervenir d’autres points de vue. J’ai par exemple intervenir un sénégalais, un français, un juriste qui n’est pas camerounais et un autre commissaire aux comptes camerounais…Tout ceci constitue la richesse de l’ouvrage

 

Qu’est-ce qui a motivé la rédaction de ce livre ?

J’ai été inspiré par les crises et les scandales financiers qui datent de 2000. Chez nous dans les années 80 on a connu toute (sorte) de liquidations. Toutes ses liquidations n’avaient pour origine simplement la crise économique, mais aussi la mauvaise gestion. Et depuis 2005 nous connaissons une vaste opération de moralisation de la gestion des affaires publique baptisée : «opération épervier ». C’est dans ce cadre là que j’ai estimé contribuer de ma part ma modeste contribution en replaçant quand même les acteurs de la bonne gouvernance.

 

Qui doit répondre d’une malversation financière en entreprise ?

Il n’y a pas uniquement la responsabilité du commissaire aux comptes, il s’agit de replacer les choses à leur place, chacun assume sa responsabilité. Nous sommes dans une chaîne où on retrouve le propriétaire qui s’appelle l’actionnaire qui des responsabilités en approuvant les comptes. C’est le cas de toutes ses sociétés où il y a eu approbation des comptes et qui se sont avérés des malversations financières. C’est dire que les actionnaires ont assuré leurs responsabilités. Il y a un autre cas de dirigeant qui ne gèrent pas en bon père de famille au point d’entraîner les faillites. Ce qui entraîne la maladie de notre économie et ceux là aussi l’opération épervier s’en est servie. Il y aussi nous même, les commissaires aux comptes qui avons été un peu léger dans l’appréciation des comptes. Alors le livre replace chacun dans sa responsabilité. Celui des dirigeants, des actionnaires et des commissaires aux comptes. Et toute la chaîne, l’Etat, les fournisseurs, les clients.

 

Jusqu’où s’étend la responsabilité du commissaire aux comptes

La responsabilité des commissaires aux comptes : est de s’assurer que le l’information financière a été bien fabriquée, elle sincère, juste et viable. Maintenant s’il est complaisant dans son appréciation, il met toute sa responsabilité en jeu. Et cette responsabilité peut finir par une responsabilité pénale, civile et au sein du corps une responsabilité disciplinaire. Le livre éclairci toute cette question. L’expert comptable a une obligation de résultats, il a également une responsabilité de moyens. Dans le livre nous l’expliquons ce qu’on entend par ses deux responsabilités.

 

L’ordre national des experts comptables s’était opposé aux arrestations des commissaires aux comptes, c’est aussi votre avis ?

Je pense que la position de l’ordre à l’époque était claire, nous ne  sommes pas les seuls responsables, je dirai de ma part que si on arrêter les experts comptables on doit aussi arrêter les membres du conseil d’administration. Parce que comme je l’ai dit tout a l’heure le gouvernement de l’entreprise est constitué de trois acteurs : - Il y a les dirigeants, c’est le conseil d’administration, il y a le contrôleur, c’est le commissaires aux comptes, et il y a aussi les actionnaires c’est leur responsabilité d’approuver les comptes.

 

Pourquoi mêlés les actionnaires qui ne sont toujours outillés pour analyser un compte administratif ou de gestion.

Parce que les actionnaires devraient être entourés des conseils qui eux ont la capacité de pousser l’analyse plus loin qu’eux. Ils ne devraient pas se contenter de ce qu’on leur dit ou ce qu’on leur donne d’avaler.

 

Entretien mené par Mathieu Nathanaël NJOG

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