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3 juin 2008 2 03 /06 /juin /2008 20:39
Interview avec Jean Blaise Gwet

 

1- Qui est Jean Blaise GWET?  Où vivez-vous?

 

 

Je suis Jean Blaise GWET, le  créateur de la 1ère marque africaine de l’électronique et de

l’’électroménager (LG LUCKYGWET). Plusieurs Camerounais me connaissent plus sous le nom de monsieur « LG » pour certains et monsieur « LUCKYGWET » pour d’autres. Je suis également le créateur de la marque de téléphone « JET Worldphone » que plusieurs ménages camerounais utilisent à ce jour. Je suis celui qui fut le sponsor officiel de la  Dynamo de Douala finaliste et vainqueur de la coupe du Cameroun en 1998 contre Canon de Yaoundé. Je suis celui qui fut le sponsor officiel de  Canon de Yaoundé finaliste et vainqueur de la coupe du Cameroun en 1999 contre Coton Sports de                Garoua. Je suis celui qui fut le sponsor officiel de KUMBO STRIKER  finaliste et vainqueur de la coupe du Cameroun en 2000 contre Canon de Yaoundé.  
Je suis celui qui fut le 1er sponsor de l’ascension du Mont Cameroun pendant plusieurs années après Guinness Cameroun, et reste le seul Camerounais à l’avoir fait à ce jour. Je suis celui qui fut pendant  plusieurs années successivement de 2001 à 2004, le sponsor officiel des mini marathons de la ville de Yaoundé les 24 Mars et du 6 Avril à l’occasion des anniversaires du RDPC et des anniversaires de l’ascension à la magistrature suprême du Président de la République Paul BIYA, organisés par le CEPAS. Je suis celui qui n’a jamais eu de marchés d’Etat au Cameroun et qui s’est toujours sacrifié par amour, par la fierté du peuple,  a soutenu les efforts de la jeunesse, du gouvernement camerounais, et du  Cameroun en général aussi bien à l’intérieur, qu’à l’extérieur du pays.  

Pour clore ce chapitre de présentation, j’ajoute que j’ai été élevé au grade de Commandeur de l’Ordre et de la Valeur, ce qui équivaut en France, au grade de Commandeur de la Légion d’Honneur. Ma famille et moi partageons notre vie entre le Cameroun et la France.

 

2- êtes un homme d’affaires. Dans quel secteur travaillez-vous ?

Comme je l’ai dit plus haut, je suis un des premiers Africains à avoir créé une marque de fabrique, dans le secteur de la fabrication et la distribution des appareils électroniques et électroménagers sous un label africain, en l’occurrence, la marque « LuckyGwet ».

LuckyGwet fabrique les appareils tels que téléviseurs, climatiseurs, réfrigérateurs, audio, vidéo, fours etc.… : la liste est exhaustive. Pour en savoir plus, je préfère que vous visitiez nos pages web à l’adresse suivante :

www.luckygwet.com

Je souhaite profiter également de l’occasion que vous m’offrez ici, pour vous encourager et vous remercier, car vous êtes cet exemple d’Africains solidaires aux initiatives africaines, pour preuve : vous faites la promotion de cette première initiative africaine «  LuckyGwet » dans votre page d’accueil www.icicemac.com

 

3-  Vous semblez plus vivre en France qu’au Cameroun. Êtes-vous un acteur de la mondialisation ou avez vous quitté  le Cameroun pour d’autres motifs?

Je suis, comme vous le dites, un véritable acteur économique, celui qui s’adapte à la mondialisation contre vents et marées. Cependant, ma venue dans la cour des géants, en Europe, a été prématurée et Dieu merci.

La première raison qui m’ait poussé à tout abandonner au Cameroun et à partir loin, mais alors loin, a été le découragement total de voir un si beau pays avec des opportunités et richesses multiformes, des hommes hautement qualifiés, brillants et battants ,prêts à tout donner pour la gloire et l’honneur de leur pays. Au lieu d’être encouragé à faire plus, à aller de l’avant, à créer des emplois, vous devenez plutôt une cible qu’on doit abattre à tout prix.

« Vulgairement, ils demandent : « il veut nous montrer quoi? »

En voulant faire du bien pour votre pays, vous devenez plutôt la cible de tout le monde, même celle des fantômes à la merci de toutes les tracasseries, aussi bien fiscales, douanières, calomnies, coups bas, de la  déstabilisation de votre famille, vos amis, et j’en passe. A la fin, vous vous retrouvez à tourner en rond comme un individu ridicule, qui est obligé de choisir l’une des deux solutions qui lui restent, soit entrer dans la corruption, les sectes et autres réseaux mafieux, soit, quand il est noble et confiant en soi, prendre ses clics et ses clacs, dire « merde » en laissant tout tomber, et  recommencer à zéro ailleurs et loin. Voilà comment je suis parti du Cameroun.

Heureusement, à quelque chose malheur est bon; il se trouve que le secteur d’activité qui est le mien et dans lequel j’exerce, est un secteur de géants et de très hautes technologies qui nécessite une maitrise et une parfaite connaissance du terrain et des acteurs parmi lesquels les plus connus sont : Philips, LG, SONY, SAMSUNG, TOSHIBA, Nokia etc.……

D’où la nécessité de proximité qui m’oblige à avoir une base aujourd’hui en Europe et bientôt en Chine, non seulement pour mieux comprendre, apprendre à maitriser les hautes et nouvelles technologies de ce secteur, mais et surtout aider à donner l’occasion à l’Afrique désormais de ne plus être en décalage par rapport à l’Europe, sur les dernières technologies qui arrivent sur le marché mondial, et qui n’arrivent en Afrique que lorsque leurs normes sont  devenues obsolètes. On se retourne alors vers l’Afrique, une des poubelles du monde.

En un mot, ma présence en France a pour objectif de profiter de cette mondialisation positive pour laquelle  le progrès technologique et scientifique de l’Europe et de l’Asie doivent contribuer au progrès technologique et scientifique de LuckyGwet pour le bénéfice et l’industrialisation du Cameroun et de l’Afrique.

 

4- Le Cameroun a vécu à la fin du mois de février et début mars de graves  émeutes. Comment peut-on interpréter ces violentes manifestations ?

Le repli stratégique que j’ai pris par rapport au Cameroun me permet à partir de l’Europe d’avoir une bonne lecture du Cameroun dans son ensemble.

Je dirais qu’il y a des signes qui précédent le soulèvement et l’explosion d’un peuple. Quand ils se manifestent, faisons très attention, et trouvons rapidement des compromis nécessaires pour se réconcilier avec tous ses frères. Car éteindre le feu est parfois très difficile. A l’exemple de plusieurs cas : MOBUTU, BOKASSA, Côte d’Ivoire,  KENYA,  ZIMBABUE, IRAK, Jean Bertrand Aristide à HAÏTI, et bien d’autres états.

Pour tout vous dire, je suis très inquiet. Il y un malaise profond à tous les niveaux au Cameroun. Du plus haut niveau, en passant par les hommes en uniforme, jusqu’au niveau le plus modeste. Des solutions urgentes s’imposent dans le but de remettre tous les Camerounais ensemble vers les mêmes objectifs : La paix, la stabilité politique et économique vers la poursuite de la transition, dans la stabilité des institutions avec une croissance renforcée, certaine et durable. 

 

5- Près de 2000 jeunes ont été arrêtés et jugés au terme de procès expéditifs. Y a t-il un message d’espoir à adresser aux jeunes Camerounais qui ne vivent pas des moments très heureux aujourd’hui ?

Permettez-moi de profiter de l’occasion pour remercier tous les jeunes, qui ont pris soin de lire ma lettre ouverte à la jeunesse camerounaise, encore disponible dans le lien ci-dessous :

http://icicemac.com/news/index.php?nid=9880&pid=70

Je suis d’autant plus satisfait, et remercie sincèrement tous les Camerounais et cette jeunesse en particulier, d’avoir laissé la sagesse l’emporter sur la raison,  la colère et la douleur. Les grands vainqueurs, ce sont eux. 

Quant à ceux qui sont derrière les barreaux, ils sont pour moi des héros, différents de notre génération qui est une génération de sacrifiés et de lâches, qui est  également responsable du sort de notre pays,  que Monsieur BIYA, à qui tout le monde pointe du doigt.

Il a suffi pour la majorité des fils et filles de notre génération qu’ils aient une situation, petite ou grande, qu’ils préfèrent se taire, se remplir les poches, observer, laisser la situation pourrir, jusqu’à ce que nous vivions la situation présente de notre pays.   

Ces jeunes courageux que j’appelle des héros, prêts à mourir pour leur avenir, et pour une cause patriotique vivant parfois dans la misère et le désespoir, dans un pays riche producteur de pétrole, qui ne demandent que, pouvoir manger, aller à l’école pour les uns, avoir un travail si modeste soit il, pour les autres. 

Et pendant ce temps, les milliards de tous les Camerounais s’accumulent dans les poches d’une petite minorité, sous les yeux de tous. (Voir le journal Le Front N°065 du 09 Février 2006)

Les revendications des jeunes sont légitimes, et c’est un  passage obligé d’une nouvelle ère à venir. Le chemin sera long et difficile, car d’autres obstacles  se dresseront sur la route de tous ceux qui travailleront, pour aider à remettre le Cameroun sur les rails.

Je partage les souffrances des parents dont les enfants ont perdu la vie lors des émeutes de février dernier ; je partage les peines qu’éprouvent les parents des enfants qui restent emprisonnés à ce jour ; je partage et vis profondément et sincèrement devant Dieu les souffrances de la jeunesse camerounaise.

Dans ma lettre ouverte que je leur ai adressée, j’ai engagé ma disponibilité à encadrer cette jeunesse dans un contexte légal et institutionnel. J’ai reçu suite à cela, plusieurs centaines de réponses et propositions,  parmi lesquelles : la mise en place des espaces de concertations et de dialogues, des forums d’échanges avec le Gouvernement, un syndicat pour certains, et un grand parti politique rassemblant toute la jeunesse et toute l’élite camerounaise de la diaspora et du Cameroun pour d’autres. Nous allons décider ensemble.

Mon combat a toujours été d’aider cette jeunesse et notre génération, à relever les défis dans la légalité et la transparence. Tant que Dieu m’accordera un souffle de vie, j’irai jusqu’au bout de mon combat et de mon engagement aux côtés de la jeunesse camerounaise et africaine  pour son honneur et son avenir.

 

6- Vous êtes un observateur attentif  de la scène politique camerounaise. Comment interprétez-vous les dernières arrestations des anciens ministres des finances et de la santé ?

  Savez vous ce qui m’a poussé un matin à tout  abandonner au Cameroun et partir? Je vais vous le dire aujourd’hui. Je lance ma campagne sociale de lutte contre la pauvreté au Cameroun au mois de décembre 2004 en mettant en vente au prix de 135 000F CFA le réfrigérateur de 150 litres. Pub disponible en dernière page de couverture dans les journaux Cameroun Tribune du mois de décembre 2004.

Campagne baptisée « Réfrigérateur pour tous », devant aider plusieurs ménages camerounais à petits revenus d’avoir, enfin, l’occasion de s’acheter un réfrigérateur.

Le jour même où je lance ma campagne à la radio, télé, et presse, les représentants du fisc se présentent en mon absence dans mon bureau et mes magasins. Ma secrétaire me joint au téléphone, en m’informant qu’ils sont là, avec pour instruction d’encaisser un recouvrement d’impôts, de 3 600 000F CFA ou de fermer les magasins.

Je prends le téléphone et demande à ces personnes de me donner 48 heures, le temps que je revienne de voyage. Ils m’ont répété avoir des instructions pour fermer et qu’il n’y avait rien à faire. Ils ont bousculé tous les clients dehors, mis tous les employés dehors et fermé tous les magasins et bureaux.

Dites- vous bien  qu’au moment où  ma publicité passe à la radio, à la télé, dans les journaux, et tous les jours, les clients accourent pour venir acheter le  « Réfrigérateur pour tous ». Que trouvent-ils? Des scellés sur les magasins.

Alors là, mes ennemis voulaient m’atteindre : ils avaient trouvé le bon moyen de blesser mon amour propre. J’ai décidé, depuis ce jour là de tout laisser tomber au Cameroun et de partir loin de ce monde où les gens sont méchants.  Les containers de marchandises que j’avais en stationnement au port de Douala, payés d’avance,  j’ai décidé de leur en faire cadeau et ne plus jamais en entendre parler du Cameroun.

Voilà un monsieur qui met la pression fiscale au Cameroun. Il contribue ainsi à la fermeture de nombreuses entreprises, au chômage de plusieurs milliers de Camerounais sans aucune indemnité ; les uns trouvent la mort, d’autres celle de membres de leur famille en raison du manque du strict minimum pour acheter une boite de médicaments. Sans compter tous les autres préjudices qui découlent de ces fermetures. 

Pendant ce temps, où est l’argent du contribuable ? Dans la poche du colonisateur.  Ce que j’ai vu au Cameroun de mes concitoyens me coupe le souffle.

Quand je vois tous ces morts, tous les jours, sur l’axe lourd Yaoundé – Douala, Yaoundé – Bafoussam, et en mémoire, le cliché d’un grand Professeur que le Cameroun à perdu sur l’axe Edéa et Douala en la personne du regretté Prof Gabriel NLEP, faute de soin d’urgence, et qu’à ce jour, ni l’assemblé, ni le Ministre de la Santé, n’aient pensés jusqu’à l’heure actuel mettre des dispensaire d’urgence sur ses axes, je me demande si nos hommes travailles pour eux ou bien pour le peuple? La réponse est là, avec ce cas du Ministre de la Santé.

Je regrette. Mais cela me fait très mal. Et, ca me rappelle le geste d’un ancien Président, qui, pour mettre fin à la corruption dans son pays, a aligné toute la gangrène devant un peloton d’exécution. Heureusement, je suis contre la peine de mort, mais  comment ne pas comprendre son geste?

 

7- Comment l’État camerounais doit-il s’organiser pour recouvrer ces sommes colossales?

  Je ne crois pas au miracle. Si vous observez bien, au Cameroun, vous constaterez que les riches de notre pays ne sont pas les hommes d’affaires, mais plutôt, les fonctionnaires, les directeurs et les directeurs généraux des sociétés d’État ou parapubliques.

Pour preuve, descendez dans les rues, ouvrez les yeux, commencez à compter dans chaque quartier, dans les villes, dans chaque village, du nord au sud, de l’est à l’ouest, la plupart des luxueuses villas   appartiennent aux fonctionnaires, ou encore aux directeurs généraux des sociétés d’État, auxquels les parents n’ont  laissé aucun héritage, parfois pas même une chaise ni un vélo.

Une grande responsabilité peut aussi venir du système en place qui, me semble t-il, n’avait pas de sources de financement propre au parti. Il fallait pour cela recourir à l’auto- financement, qui forcément mettait la corde au cou des uns et des autres, obligés pour garder leur poste, de recourir au détournement d’une ligne de budget, dans laquelle, ils prenaient certainement une grande partie pour leur poche, et le reste peut être, pour les militants ou la région.

Raisonnablement, il faut accorder l’amnistie générale à tous, ou les mettre tous en prison. Négocier avec tous pour qu’ils ramènent ce qui est encore disponible.

Mais surtout pas de chasse aux sorcières.

 

8- L'autre préoccupation majeure des Camerounais qui sont sortis dans les rues était liée au projet du Président de la République de réviser la constitution de 1996, notamment l'article 6 alinéa 2 sur le nombre de mandats du Président de la République. Quel est votre commentaire, au moment où l’Assemblée nationale à forte  majorité RDPC vient de voter l’amendement visant à changer  cet article?

 Je ne suis pas contre une modification de la Constitution. Ce serait contre productif, parce que les pays ont tous besoin d’ajuster leurs lois fondamentales par rapport  aux évolutions de leurs réalités et de l’avenir des générations futures.

  Par ailleurs, étant donné la proximité de la fin du deuxième septennat du Président   Paul BIYA, la levée de la limitation des mandats présidentiels est suspecte, quoi qu’on dise sur le caractère impersonnel de la loi.

 Maintenant que la loi est votée, et qu’après 29 ans de règne et 78 ans d’âge, le Président Paul Biya veut se représenter, ce qui à mon avis, est de son droit, comme celui de tout autre Camerounais. Il reviendra au peuple Camerounais, d’en décider, dans les urnes et  massivement. 

 

9- Quelle impression vous laisse cette Assemblée nationale, dont les trois quarts des membres sont des prisonniers de droit commun en sursis qui ont voté en bloc cet amendement ?

 Je n’ai aucun argument solide me permettant de qualifier les trois quarts des membres de l’Assemblée nationale de prisonniers de droit commun, au delà du fait que je ne sois pas juge. La politique, c’est aussi le respect de l’autre.

 

Je sais qu’en démocratie, une majorité absolue l’emporte toujours. Le RDPC étant majoritaire à l’assemblée nationale, nous lui avons tous ouvert le chemin pour faire ce qu’il veut. C’est à nous de savoir ce qu’on veut en 2011.

 

Par contre, ce que j’ai trouvé injuste, et qui me choque c’est qu’à l’heure où nous traversons une période difficile, marquée par le chômage des jeunes, la crise alimentaire mondiale, la hausse des prix, la baisse du pouvoir d’achat des ménages, et les trous dans les caisses de l’État, au moment même où les enfants crient dans les rues à la recherche de quoi  manger ,de quoi payer leur

scolarité, les députés augmentent leurs avantages (et de combien?) avec l’argent de tous les Camerounais qu’ils se partagent entre eux.

Deux milliards cinq cent millions sortis des caisses de l’État. 

Voir tableau ci-dessous.

 

 

 

 

Remarque :

 

-                                 Un petit projet de soins de santé gratuits  pour des personnes âgées ne coûte pas 2 milliards.

-                                 Un petit projet de quelques centres de santé d’urgence sur les axes lourds Yaoundé – Douala, et Yaoundé – Bafoussam, sur lesquels tous les jours nous avons des pertes en vies humaines considérables faute de soins d’urgence ne peut pas coûter 1 milliard.

-                                 Un petit projet de distribution d’eau potable gratuit pour des familles très pauvres ne peut pas coûter 5OO Millions. 

-                                 Etc……

 

-                                 NB : Nos députés, au lieu de penser d’abord à améliorer leur cadre de vie, devraient d’abord tourner leurs regards vers le peuple qui leur a fait confiance.

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