L' île de la tentation de Njognath

Nkam-Nord

Les populations de la circonscription électorale du Nkam-Nord disent avoir été désabusées par les élus des différents partis.

L’arrondissement de Nkondjock et le district du Nord-Makombé, constituent la circonscription électorale du Nkam-Nord. Les conditions de vie des populations y sont essentiellement précaires. La misère y est rampante. Dans le Nord-Makombé, les populations sont coupées du reste du monde. La Makombé n’a pas de pont. Dans ces conditions de paupérisation, les populations attendent avec impatience les élections législatives et municipales du 22 juillet 2007. Jusqu’à dimanche 8 juillet, la campagne électorale lancée la veille, n’avait véritablement pas démarré là-bas. C’était encore l’accalmie dans le Nkam-Nord. Pourtant, dans les chaumières et les bars, les conversations vont bon train. Les populations passent au peigne fin le bilan des élus locaux (députés et conseillers municipaux) du Rdpc, des cinq dernières années. “ Depuis les indépendances, aucune des élites du coin encore moins des différents élus appelés à nous représenter n’ont pu obtenir jusqu’ici le bitumage des 52 km de route, reliant Bafang à Nkondjock ”, lance Eyango, transporteur.

Préoccupations

Les échanges portent aussi sur leurs attentes. Elles entendent que les candidats des trois partis politiques (Upc, Rdpc, Sdf) en lice se penchent sur leurs réelles préoccupations. “ Depuis le retour au pluralisme politique, nous avons déjà élus les candidats de l’Upc et du Rdpc sans que cela change quelque chose dans nos conditions de vie ”, indique M. Mbih du village Ndotto. Depuis la nuit des temps, les populations du Nkam-Nord souffrent d’un déficit en infrastructures routières. Très souvent, elles sont coupées du reste du Cameroun parce que les différentes voies de communication routière sont impraticables. Notamment, en saison pluvieuse. Pour parcourir les 52 km en cette période de l’année, il faut 2 heures, minimum dans une voiture robuste.

Cet axe routier en terre et sur un relief accidenté est un véritable parcours de combattant. Le parcours, tracé sur une plaine, est jonché de bourbiers. Les voyages sont un véritable calvaire. Les véhicules de transport en commun utilisés sont les pick-up dotés d’un réducteur, avec les châssis surélevés.

Pour les populations de Ndobian, chef-lieu du district du Nord-Makombé, cette campagne électorale permettra d’avoir une idée sur le problème de la construction du pont sur la Makombé. “ Surtout que ce projet a été financé en 1996 à hauteur de 200 millions Fcfa. Mais l’ouvrage n’a jamais vu le jour parce que les élites chargées de superviser ce chantier ont contribué au détournement de l’enveloppe allouée. On espère que les concernés répondront dans cette opération épervier ”, dénonce M. Kollo.

Consternation

Conséquence, les populations, vivant essentiellement de l’activité agricole ont tout le mal à écouler leur production. “ Nous sommes sur une terre très fertile. Les fruits, les légumes, les prunes, pour ce qui est de l’agricultures de subsistance, du café et du cacao pour ce qui est de l’agriculture de rente sont abondamment produits. Mais, les populations n’en vivent pas, si oui difficilement ”, s’indigne Senda’a du village Sohock.

Les populations s’indignent de ce qu’elles sont toujours considérées comme du bétail électoral. “ Entre deux élections on ne voit personne. Nous sommes abandonnées à notre propre sort. Mais dès que se profilent à l’horizon les élections nous sommes l’objet de toutes les convoitises. Et comme si cela ne suffisait pas, on nous bourre les oreilles de toutes les promesses ”, déclare Soko. 

Par Mathieu Nathanaël NJOG à Nkondjock

Le 11-07-2007