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22 mars 2017 3 22 /03 /mars /2017 18:16
Un précurseur prend les commandes des SABC

Emmanuel De Tailly

 

Depuis le début d’année, la Société anonyme des Brasseries du Cameroun a un nouveau Directeur général. Nommé par le Conseil d’administration du groupe tenu le 7 décembre 2016 à Paris, il a pris discrètement fonction depuis le 1er janvier.

 

Un Conseil d’administration de la Société anonyme des brasseries du Cameroun (SABC) tenu aux Brasseries et Glacières Internationales à Paris le 7 décembre 2016, a procédé à la nomination d’Emmanuel De Tailly au poste de Directeur général de cette entreprise brassicole, leader du marché camerounais des boissons minérales, gazeuses et alcooliques. Il remplace à ce poste son compatriote français, Francis Batista qui, en 2013, avait succédé au Camerounais André Siaka à la tête de cette filiale camerounaise du groupe français Castel. Le nouveau Dg arrive à un moment où le marché brassicole connait une forte concurrence. C’est dire s’il a de nombreux challenges à relever. Le premier est celui maintenir la position de leader du marché camerounais des boissons minérales, gazeuses, et alcooliques. Et pour y parvenir d’un management gagnant en reboostant le dynamisme de son personnel. Un personnel certes qualifié, et compétent, mais qui devrait connaitre un nouveau électrochoc.

En parcourant de manière traversable son CV, on se rend à l’évidence que  le nouveau Dg de la SABC a le profil de l’emploi. Même si certains observateurs avertis du secteur auraient souhaité voir la renationalisation du poste. Emmanuel De Tailly à l’avantage de connaitre le Cameroun et la sous-région Ceeac pour avoir résidé et travaillé comme Directeur régional Afrique centrale de Maersk entre septembre 2000 et juin 2003. Mais aussi s’est approprié les valeurs du Groupe Castel, holding au sein duquel, il a occupé successivement pendant 12 ans, les fonctions de Directeur Général des Brasseries du Tchad, du Togo, de la RDC, et celles de Directeur Régional Océan Indien et PDGA des Brasseries STAR à Madagascar avant sa nomination aux commandes de la mastodonte qu’est la SABC.

Les chiffres parlent d’elles-mêmes. La SABC contrôlé 78% du marché de la bière au Cameroun (en 2015) contre 14,4% pour Guinness et 7,2% pour UCB, avec 510,43 millions de litres vendus, en baisse de 5,7% par rapport à l’année précédente. Pendant le même exercice, les volumes de vente de Guinness Cameroun progressaient de 12%, à 94,3 millions de litres ; contre une croissance des ventes de 8,6% pour UCB. En attendant les chiffres de 2016, il reste que le nouveau DG a la mission de reconquérir ces parts de marché perdus en dépit d’une forte concurrence qu’il doit faire face avec l’entrée de nouvelles sociétés brassicoles (Sources du pays et Nabco), certes spécialisées dans les boissons minérales, énergétique et gazeuses. Auxquelles, il faut ajouter les entreprises d’importations des boissons gazeuses et alcooliques (en cannettes) importées. De quoi être une véritable menace pour des parts de marchés encore plus important qu’elles pourraient conquérir au regard des différentes offres quantitatives qu’elles proposent.

 

Ses acquis parlent à sa faveur

Il n’y’a pas de quoi inquiéter Emmanuel De Tailly, lui qui a eu à relever des défis plus incertains. C’était le cas à Madagascar d’où il vient. Non seulement il a redressé la filiale du Groupe Castel, les Brasseries STAR. Un des fleurons de l’industrie malgache, créé en 1953 comprenant 17 agences, 6 usines réparties sur tout le territoire, forte de 72 références de produits et 20 millions d’euros (environ 12, 9 milliards Fcfa) d’investissement par an dans le cadre de la modernisation de son outil de production et de distribution. Ce qui lui a permis de conserver son leadership local de 62 ans. Un bilan qui lui aura permis à redorer le blason de l’agro-industrie dans l’Océan indien. «Nous sommes la preuve vivante que l’agro-industrie malgache fonctionne et peut devenir le fer de lance de l’économie de Madagascar» affirmait Emmanuel de Tailly avant son départ.

Il a ainsi permis à l’Ile rouge de redresser la courbe d’une dégringolade, qui était à son arrivée, passée, en 20 ans, d’une économie industrielle de transformation à une économie principalement d’importation et de négoce. Il déplorait dans ses contributions dans le groupement patronal malgache le fait que : «Les industries prédominantes des années 70 et 80 étaient celles liées à la valorisation des matières premières agricoles locales mais faute d’une politique gouvernementale constante d’assistance et de gestion des filières agro-industrielles, elles ont graduellement disparu». Pour redresser la courbe, Emmanuel De Tailly a permis aux Brasseries STAR de nouer un  partenariat avec sa filiale Malto et près de 10 000 paysans qui lui a permis de stabiliser son prix de revient tout en sécurisant localement et cela depuis 1970, la moitié de ses besoins en maïs, en orge et en sucre qui s’élèvent respectivement à 4 500, 6 000 et 1 500 tonnes annuelles, et tout cela sans être propriétaire du foncier.

On espère qu’il va véritablement s’impliquer dans le groupement patronal leader, le Gicam comme il l’a fait à Madagascar de manière à apporter des contributions aussi efficientes aux différents foras économiques à l’instar du Cameroon Business Forum, afin de contribuer dans le dialogue public-privé à l’accélération des facilitations exigibles pour booster le commerce extérieur afin d’accroitre la compétitivité de l’économie camerounaise. Notamment en contribuant à la mise en place d’un plan de relance agro-industriel qu’il avait appelé de tous ses vœux à Madagascar dans le but de contrecarrer la concurrence déloyale des produits importés, «qui vient inéluctablement fragiliser le marché local», décriait-il. Dans cette perspective, il avait favorisé la reprise de la Nouvelle Brasserie de Madagascar (NBM), ce qui était mal perçu par les Malgaches. En réponse à cette polémique, Emmanuel De Tailly déclarait : «Notre combat est le développement de l’agro-industrie malgache, sa promotion quand ce n’est pas sa sauvegarde». Vivement qu’il apporte le même engagement pendant son séjour à la tête de la Société camerounaise des Brasseries du Cameroun (Sabc).

Mathieu Nathanaël Njog

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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